Candidate à la candidature

C’est le statut auquel aspire pour le moment l’Ukraine et qu’elle devrait obtenir si tout va bien dès la réunion des 27 pays de l’Union européenne prévue cette semaine. La bonne nouvelle pour les Ukrainiens, c’est qu’aucun des pays qui émettaient des réserves ne devrait s’opposer à cette étape préliminaire, même la Hongrie dont on pensait qu’elle monnayerait son vote, puisque cette décision, ainsi que le vote final sur l’adhésion proprement dite, ne peut être prise qu’à l’unanimité. Cette règle, compréhensible au moment de la constitution ce cet ensemble économique, qui ne comptait alors que six membres, devient de plus en plus lourde avec les élargissements successifs.

L’acceptation probable du dossier ukrainien, ainsi que celui de la Moldavie, tout en étant important symboliquement, ne permettra pas de brûler les étapes dans un processus qui promet d’être long, ne serait-ce que du fait de la guerre avec la Russie, qui compromet pour le moment les efforts pour répondre aux exigences d’une démocratie moderne. On peut supposer que c’est aussi le calcul de Wladimir Poutine qui annonce, grand seigneur, qu’il ne s’opposera pas à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Une manière de laisser entendre que c’est lui qui décide pour les Ukrainiens et que, s’il arrive à ses fins, l’Ukraine sera vassalisée par la Russie. Derrière cette accélération du processus, on peut voir l’effet du capital sympathie, présent chez la plupart des populations. Cela a joué dans la victoire de l’Ukraine à l’Eurovision, ça a presque suffi aux footballeurs pour se qualifier au Championnat du monde, cela permet aussi aux gouvernements européens de prêter main-forte à l’Ukraine, financièrement ou en matériel, sans objections de leurs oppositions.

Mais la route sera longue, et les efforts demandés importants. Le pays n’était pas totalement exemplaire sur le rôle des oligarques et la lutte contre la corruption. Un pays comme la Turquie a pu être admis dans l’antichambre de l’adhésion sans jamais pouvoir en sortir sinon par un refus de fait. On peut aussi avoir en tête les exigences de la commission à l’égard de la Grèce, non pour rentrer dans l’Union, mais pour y rester. La tâche sera immense pour le gouvernement ukrainien, celui-ci ou un suivant. En plus du chantier énorme de reconstruction, il lui faudra remettre sur pied une économie rudement touchée, tout en moralisant les pratiques commerciales. Paradoxalement cela peut-être une chance. Si l’on se réfère à la Deuxième Guerre mondiale, c’est l’Allemagne, pourtant battue, qui tirera le plus bénéfice de la reconstruction, au prix de sacrifices et d’un travail acharné de la population. C’est elle aussi, qui a longtemps tiré l’Europe vers le haut, en compagnie des Français. L’attitude de la première économie européenne, qui semble décidée à lâcher un peu les cordons de la bourse, sera déterminante pour le succès de ce nouvel élargissement.