Garçon, la même chose !

Qui a dit qu’Emmanuel Macron ne voulait pas débattre avec les autres candidats à l’élection présidentielle ? C’est faux, et il l’a prouvé cette semaine. Il veut bien dialoguer, mais tout seul. Si c’était possible, il préfèrerait faire les questions et les réponses. À défaut, il ne dédaigne pas d’être prévenu des sujets sur lesquels il sera interrogé. En choisissant la forme de la conférence de presse, il savait ne pas courir grand risque. Les journalistes, même les plus critiques, n’ont pas pour habitude de s’opposer frontalement aux personnes qu’ils interviewent. De plus, le président sortant, jouant à fond la carte de l’autorité, les aura noyés dans un discours-fleuve de 4 heures d’argumentation.

Le plus clair de toutes ses déclarations, c’est qu’Emmanuel Macron propose, pour les 5 années à venir, de faire la même chose, mais en pire. Déjà, il faudra que les Français travaillent plus et plus longtemps, et qu’ils « méritent » les aides qu’on leur octroie généreusement. Une façon insidieuse d’insinuer que sans la contrainte, ils n’en foutraient pas une rame. C’est l’âge de la retraite porté à 65 ans, les tâches supplémentaires demandées aux enseignants en échange d’un salaire normal, le bénévolat forcé pour toucher le RSA, j’en passe probablement. Le général de Gaulle disait que les Français étaient des veaux, Macron pourrait ajouter que ce sont des veaux paresseux, qu’il faut aiguillonner pour les faire avancer. Dans le fourre-tout du programme du candidat Macron, j’ai aussi relevé une mesure qui relève davantage du cosmétique et du ripolinage que du sérieux que l’on peut attendre d’un président en exercice qui aspire à le rester.

J’ai pensé à cette fameuse maxime destinée au personnel de la Marine nationale : « saluez tout ce qui bouge, et peignez le reste ». Il s’agit de parvenir au plein emploi, qui est fixé arbitrairement à un taux de chômage de 5 %, un seuil supposé incompressible en dessous duquel il serait impossible d’aller, en débaptisant « Pôle emploi » pour l’appeler désormais « France Travail ». L’affaire serait simplement risible si « Pôle emploi » n’était pas déjà l’héritier coûteux de la fusion de l’ANPE et de l’Unédic. Le simple changement de logo de l’ANPE, confié en 2003 à une entreprise spécialisée, avait coûté officiellement 100 000 euros. En réalité deux millions et demi selon le Canard enchaîné. La dernière mouture de Pôle emploi en 2009 aurait entraîné un surcoût de 300 millions en restructurations. Quand on sait que l’objectif principal de cette agence gouvernementale, quel que soit le nom dont on l’affuble, n’est pas de faire disparaitre le chômage, mais bien les chômeurs, qu’il s’agit de faire sortir des statistiques, on comprend mieux le but de la manœuvre. J’en arrive donc tout naturellement au deuxième adage de la Marine : « peinture sur crasse égale propreté » pour décrire le programme d’Emmanuel Macron.

Commentaires  

#1 jacotte86 19-03-2022 11:21
la formule résume tout parfaitement...vive la marine ..à quand le grain de la manœuvre?
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