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Cachez ces toxicos
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 25 septembre 2021 10:34
- Écrit par Claude Séné
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Les riverains des jardins d’Éole n’en pouvaient plus de voir sous leurs fenêtres les consommateurs de crack se livrer au trafic et effrayer la population, craignant les agressions ou la mendicité forcée de toxicomanes en manque de leur dose ou sous l’emprise de produits stupéfiants. Ce problème de drogue est endémique dans ces quartiers de Paris et aucune solution n’est vraiment en vue pour l’instant, les pouvoirs publics, qui devraient coopérer, se renvoyant régulièrement la balle. La dernière initiative du préfet de Paris, sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, est tristement exemplaire de cette absence de politique.
Pour calmer les uns, on va déclencher la colère des autres. Les toxicos ont été déplacés manu militari à quelques kilomètres de là, sur la commune d’Aubervilliers, dont le maire ne décolère pas après ce cadeau empoisonné. Les Parisiens, qui sont débarrassés provisoirement du problème, craignent le retour des déplacés. Les plus lucides sont conscients que ce n’est pas en glissant la poussière sous le tapis que l’on va résoudre les difficultés. Ce n’est un mystère pour personne que le préfet de police de Paris, Didier Lallemand, ne fera rien pour faciliter la tâche de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, et encore moins depuis qu’elle a déclaré sa candidature à la présidence de la République. Il se sait soutenu par le ministre de tutelle, Gérald Darmanin, à qui revient le privilège de valider les choix de la Mairie pour installer des sites d’accueil et de soin, improprement désignés sous le nom de « salles de shoot », une appellation propre à dissuader les voisins potentiels de les accepter.
Ce que l’on oublie à peu près totalement, c’est que derrière cette violence reçue et subie, et sans méconnaître les difficultés des habitants des quartiers soumis à cette misère visible, il y a des êtres humains dans une grande précarité, et que la simple humanité commande de devoir tenter de les aider. Dans un premier temps, la question n’est pas de chercher à les désintoxiquer ni de comprendre par quel enchainement ils sont devenus dépendants. Il faut déjà assurer leur sécurité affective et matérielle, ce qui est le meilleur moyen de garantir la tranquillité des autres citoyens. Cela passe par la création de lieux d’accueil et le recrutement de personnel spécialisé en nombre suffisant. Cela suppose aussi et peut-être surtout une volonté politique de dépasser les clivages partisans, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, où chacun tire de son côté dans l’espoir de grappiller un avantage minime, ou d’empêcher son rival de se prévaloir d’une réussite. Anne Hidalgo a proposé quatre sites, dont deux pourraient fonctionner avant la fin de l’année. La balle est maintenant dans le camp du Premier ministre, qui n’a pas l’air pressé de la saisir au bond.