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Vers une épidémie de plaintes ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 23 mai 2020 10:54
- Écrit par Claude Séné
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Ne le répétez pas, le sujet le plus confidentiel et parmi les moins traités dans la presse, toujours phagocytée par le Covid-19, concerne le dépôt de plaintes à l’encontre des ministres pour leur gestion controversée de la crise sanitaire. Au 5 mai, il y en avait déjà 55. Une semaine plus tard, nous en étions à 63 et le dernier chiffre que j’ai relevé fait état de 71 plaintes déposées auprès de la Cour de justice de la République, seule habilitée à statuer sur les agissements des ministres dans l’exercice de leurs fonctions.
Les personnes visées sont principalement le Premier ministre, Édouard Philippe et les deux ministres de la Santé qui se sont succédé, Agnès Buzyn et Olivier Véran. Le président de la République est protégé par son statut, mais rien ne dit qu’il ne sera pas mis en cause lui aussi après l’expiration de son mandat. Jacques Chirac en a fait l’expérience, et la question reste posée en ce qui concerne Nicolas Sarkozy. Les plaignants sont souvent de simples particuliers, parfois des médecins, ou des membres de la famille d’un patient victime de l’épidémie. Il y a même le cas d’un gendarme, relaté par 20 minutes, qui aurait « franchi le rubicond » (sic) en poursuivant le Premier ministre pour avoir mis en danger la santé des forces de l’ordre en ne leur fournissant pas de masques et en leur en interdisant le port s’ils en possédaient. Je signale au passage au « journaliste » que si les gendarmes ont parfois le teint « Sèvre et Maine » et donc rubicond, le fleuve Rubicon coule toujours en Italie et symbolisait une frontière à ne pas franchir pour les généraux romains et leur armée.
Les motifs de plaintes sont généralement ceux de la mise en danger ou la non-assistance aux personnes et basés sur les manques observés ou l’absence des décisions qui auraient permis de lutter plus efficacement contre le virus. La question centrale concerne évidemment la gestion des masques et des protections, ainsi que la pénurie de tests observée au début de l’épidémie. Ce sera à la justice de se prononcer sur le fond, et l’on espère que l’instruction sera loyale et ne se contentera pas d’un « responsable, mais non coupable » comme dans l’affaire du sang contaminé. Sur la forme, l’existence même de ces plaintes démontre que le public ne se satisfait plus d’une action gouvernementale approximative. Il exige des résultats. C’est le prix à payer après avoir pris des mesures très restrictives des libertés individuelles. Les Français ont été et sont encore relativement disciplinés, mais ils attendent en retour une efficacité gouvernementale et une sincérité sur les moyens mis en œuvre, ainsi qu’une direction claire et une définition des objectifs.