Au hasard Balthazar
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 6 mars 2015 10:49
- Écrit par Claude Séné
Le groupe Total a fait son slogan de l’expression « vous ne viendrez plus chez nous par hasard », à quoi des internautes facétieux ont répliqué qu’ils ne viendraient effectivement plus du tout dans les enseignes du plus grand pollueur de la planète. Conscient de la dégradation de son image après les catastrophes écologiques auxquelles il a été mêlé, le groupe français communique à présent sur le rapatriement de neuf de ses filiales implantées dans des paradis fiscaux, en l’occurrence les Bermudes et les îles Caïman. Tempérez votre enthousiasme et n’allez pas mettre des petits drapeaux français aux fenêtres de votre maison. Total n’a pas complètement viré sa cuti.
Tout d’abord, les neuf filiales rapatriées iront soit en France, soit aux Pays-Bas, et il en restera encore dix qui ne bougeront pas de leur éden. Et la partie immergée de l’iceberg, ce sont les près de 900 filiales qui resteront à l’étranger. De quoi permettre à Total d’échapper presque complètement à l’impôt en France, alors qu’il verse 56% de taxes ailleurs. Vous me direz, neuf, c’est mieux que rien et vous n’aurez pas tort. Toutefois, il faut replacer cette initiative dans son contexte. La signature d’accords internationaux en octobre dernier a remis à plat le fameux secret bancaire en instaurant des règles de communication automatique entre les états participants. Un accord auquel ont dû se rallier bon gré mal gré les états paradisiaques menacés de représailles économiques en cas de refus. La soudaine vertu de Total doit beaucoup à cette toute nouvelle transparence rendue obligatoire. Il ne fait donc que devancer l’appel puisque la réglementation deviendra effective en 2017.
Il est vrai que le problème principal de Total est ailleurs : la chute des cours du baril de pétrole, qui a plombé ses comptes et rendu provisoirement l’exploitation des schistes bitumineux et du gaz de schiste non rentables. Même en baisse de 62%, le bénéfice du groupe devrait permettre aux actionnaires et aux dirigeants de survivre. La variable d’ajustement, on la connait, ce sont 2000 emplois supprimés, et cela ne doit rien au hasard.