Économies

La chaine de supermarchés américains Wal-Mart vient d’annoncer qu’elle va augmenter le salaire de 500 000 de ses employés sur le million trois de salariés qu’elle emploie. Leur taux horaire va donc passer de 7 dollars et demi actuellement, à 9 dollars en avril et 10 dollars dans un an. Soit une hausse de 34 %. De quoi faire rêver les employés français de la grande distribution, me direz-vous. Oui, mais non. Au cours actuel du dollar, le taux horaire sera seulement de 8,82 € en 2016 alors que le SMIC est actuellement de 9,61 € en France.

 

Au pays fantasmé du capitalisme triomphant, la loi de l’offre et de la demande serait à l’origine de cette apparente avancée sociale. La croissance repart, donc le chômage diminue et les salaires augmentent. C’est en partie vrai. Si Wal-Mart augmente les salaires, c’est parce que les employés ont tendance à passer à la concurrence, notamment chez Costco qui paye jusqu’à 70 % de plus et donne plus d’avantages sociaux. Wal-Mart part de très loin en termes d’image sociale et fait partie des farouches opposants à l’augmentation du salaire minimum demandée par Obama. Si le groupe est prêt à sacrifier 1 milliard de dollars pour garder ses salariés, c’est parce qu’il lui en reste 15 pour les dirigeants et les actionnaires.

Nous aurions tort de faire les malins pour autant en nous glorifiant du système français de protection sociale et en nous félicitant de la réglementation encadrant les salaires en France. Le PDG de Renault a bien annoncé récemment la création de 1 000 emplois, mais c’est après en avoir supprimé 8 000 auparavant, et pire encore, c’est celui de Total qui annonce une réduction d’effectifs de 2000 personnes parce que le groupe, tout en restant bénéficiaire, gagne moins avec la baisse du baril de pétrole. Si vous avez des actions Total, je vous rassure immédiatement. Les dividendes vont quand même augmenter de 2,5 %. Je sais, c’est peu, mais c’est mieux que rien.

À côté de ces gagnepetits, il vaut mieux se tourner vers un secteur en pleine expansion, le marché de la Santé. Grâce à nos économies, récupérées sous forme d’impôts et de cotisations, le laboratoire pharmaceutique Sanofi va pouvoir s’offrir les services d’un dirigeant payé à prix d’or et qui touchera dès son arrivée un « golden hello » de 4 millions d’Euros. De quoi attendre tranquillement la retraite chapeau.