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À qui le tour ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 19 décembre 2018 10:41
- Écrit par Claude Séné
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Il n’y en aura pas pour tout le monde. Premiers arrivés, premiers servis. Les syndicats de policiers étaient aux premières loges pour constater que le gouvernement, qui était resté sourd à toutes les revendications depuis le début du quinquennat, était contraint de lâcher du lest devant la grogne et le mécontentement populaire. Les smicards avaient obtenu 100 euros ? Qu’à cela ne tienne. Au point où l’on en est, on peut bien trouver 300 euros pour donner une prime aux policiers dont les ministres n’arrêtent pas de tresser les louanges, une denrée assez difficile à manger en salade.
Là où il a fallu 5 semaines pour faire comprendre la détermination des manifestants, il aura suffi de 5 minutes pour considérer comme acquis le principe d’une rémunération exceptionnelle. Ce qui se comprend, du point de vue du pouvoir. Les classes moyennes et populaires sont déjà dans la rue, même si le mouvement a tendance à décroître. Les lycéens et les étudiants sont au bord de la crise de nerfs. Les retraités en ont assez de servir de vache à lait, tout comme les automobilistes qu’ils sont souvent également. Le personnel hospitalier, les chercheurs, les fonctionnaires, les enseignants, que sais-je encore ? sont fatigués de voir leurs demandes rester lettre morte. Le gouvernement ne peut pas se permettre de se mettre à dos les derniers remparts contre l’anarchie que sont ceux que l’on appelle pudiquement et parfois à tort les forces de l’ordre. Il est vrai qu’ils n’ont pas ménagé leur peine, ce dont peuvent témoigner les plus de 1000 « gilets jaunes » blessés au cours des manifestations de novembre et décembre. Un certain nombre de vidéos amateurs témoigne du zèle et même de l’acharnement de certains policiers et CRS, sans généraliser toutefois.
Conscients de leur position de force, les policiers en profitent pour réclamer le paiement de leurs heures supplémentaires accumulées depuis des quinquennats et même des septennats, et qui se chiffrent en millions. C’est de bonne guerre, mais l’addition est astronomique et difficile à financer. Privés du droit de grève, les policiers ne feront que le minimum syndical aujourd’hui, et se disent aussi déterminés et dans le même état d’esprit que les gilets jaunes dont ils sont pourtant chargés de limiter les activités. Au point que l’on a vu sur certains ronds-points des échanges, sinon amicaux, du moins compréhensifs entre les manifestants et les forces de l’ordre. On est parfois passé assez près du cauchemar absolu pour tout gouvernement que serait la fraternisation de la police avec les contestataires. Tout vaut mieux que cela et je ne doute pas que le pouvoir trouve un accord avec les policiers. Reste à imaginer comment reprendre de l’autre main ce qu’il aura lâché de la première.