Bretelles et ceinture

Je ne sais pas, vous, mais je viens de passer 19 jours de vacances parmi les plus tranquilles de ces dernières années. Oh ! je n’ai rien fait d’extraordinaire, rien qui mérite de passer à la postérité, mais justement. À part deux ou trois bains de foule dans une eau tiède soigneusement calibrée pour ne faire aucune vague, le président Macron s’est scrupuleusement fait oublier dans sa résidence d’été du Fort de Brégançon. C’est-à-dire que 19 jours durant, il n’y a pas eu d’annonce d’un nouveau mauvais coup contre les Français de ce serial réformateur, et ça, ça n’a pas de prix.

Pourquoi les bretelles, me direz-vous avec l’esprit d’à-propos qui vous caractérise ? Il s’agit d’une petite blague qui courait sur l’inexpérience des secouristes qui se faisaient un devoir d’intervenir sur des cas graves quand ils auraient mieux fait de s’abstenir. On disait alors que la première chose à faire était de couper les bretelles du secouriste de telle sorte qu’il soit réduit à l’impuissance, car, pendant qu’il retenait son pantalon, il ne pouvait pas faire de bêtises. Il semblerait que l’affaire Benalla, malgré ou grâce aux efforts déployés par le président pour éviter d’en faire une affaire d’État, ait joué un rôle similaire. Pendant qu’il était occupé à démentir la complaisance coupable qu’il a pu avoir à l’égard de son collaborateur trop zélé, il nous a fichu une paix royale, allant même jusqu’à retirer provisoirement le texte sur la révision constitutionnelle, qui pourrait faire les frais d’un embouteillage programmé à la rentrée. Car la frénésie réformatrice du pouvoir en place, après ce court répit, va de nouveau se faire sentir. Pas un jour sans un ballon d’essai sur une mesure risquant d’être impopulaire, un texte instaurant de nouveaux privilèges pour certains, ou un décret pour entériner un nouveau caprice présidentiel. Tout, plutôt que de laisser penser qu’il serait inactif. Quitte à faire passer des lois bancales comme ce texte sur la « protection de l’enfance », critiqué unanimement par les professionnels, car très en retrait sur les intentions affichées au départ, de crainte d’un véto constitutionnel.

Cet acharnement de réforme ne peut trouver de justification que dans une angoisse du vide, dans lequel pourrait apparaitre la vanité de cet activisme forcené. On brasse beaucoup d’air pour pas grand-chose, si l’on se fie aux débats concernant l’interdiction du glyphosate par exemple, où le gouvernement n’a pas eu le courage d’affronter les lobbies et le monde paysan malgré des gesticulations en amont et des rodomontades ridicules. C’est que, de même que certains frileux adoptent en hiver foulard ET cache-nez, Emmanuel Macron a visiblement opté pour bretelles ET ceinture. Et ce sont les Français qui font ceinture.

Commentaires  

#1 jacotte 86 22-08-2018 11:27
coté frénésie de legifération on croyait avoir tout vu avec Sarko...le pire reste hélas à venir
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