Grandes manœuvres
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 18 juillet 2018 09:47
- Écrit par Claude Séné
Vous pensiez avoir vu le plus dur avec les premières réformes du gouvernement Macron ? Détrompez-vous. Les choses sérieuses ne font que commencer. En principe le but du jeu, c’est pour le moment, de le calmer. On va savourer la victoire des bleus au Mondial de Russie, passer un peu de pommade dans le dos des partenaires sociaux en leur manifestant quelques marques de respect qui ont cruellement fait défaut pendant la refonte du Code du travail et le conflit à la SNCF, et tâcher de passer l’été bien au chaud, en attendant la rentrée.
Parce que le programme s’annonce bien chargé. Sans même parler des sujets qui fâchent et qu’on va bientôt aborder comme les retraites, le seul exercice de haute voltige consistant à présenter un budget annuel va être déterminant en démontrant des choix dont on doute qu’ils aillent à rebours de ceux que nous subissons déjà. Les « lettres de cadrage » qui fixent le montant des enveloppes sont en train d’être envoyées aux ministres. Quelques-uns se féliciteront d’une augmentation de leur budget, les autres devront se débrouiller pour justifier les coupes claires qui leur seront demandées. Les économistes distingués planchent sans discontinuer pour trouver le mouton à 5 pattes, un moyen indolore de diminuer les dépenses sans que personne se sente lésé. Eh bien, figurez-vous que c’est possible. Souvenez-vous d’une des premières boulettes du gouvernement qui avait prélevé maladroitement 5 euros sur les APL. Une injustice mal vécue et qui avait renforcé l’image du président des riches, qui l’avait qualifiée à juste titre de connerie. La nouvelle méthode de calcul des APL consistera simplement à établir les droits sur le revenu perçu actuellement par le bénéficiaire, et non sur celui d’il y a deux ans. Comme la plupart des ayants droit potentiels gagnent mieux leur vie en moyenne deux ans plus tard, l’état va économiser un milliard d’euros, sans se fatiguer, et sans devoir reprendre ce qu’il aurait déjà versé.
Un milliard, c’est bien, et c’est beaucoup pour un simple citoyen, mais c’est peanut à l’échelle de l’état, dont le budget s’élève à plus de 700 milliards en 2018, un montant qui ne cesse d’augmenter, l’ambition du gouvernement actuel se bornant à tenter de freiner les dépenses pour qu’elles s’accroissent moins vite. Et là, il est clair qu’à défaut d’augmenter massivement les impôts, Emmanuel Macron a la ferme intention de trouver l’argent en supprimant un maximum de postes de fonctionnaires, quitte à confier les missions de service public à des contractuels ou à des entreprises privées. C’est déjà commencé, et cela va s’accentuer. Il sera malheureusement difficile d’empêcher totalement le président de nuire pendant la durée restante de son mandat. Il faut espérer que les Français arrêteront alors les frais et limiteront la casse.