Coup de froid

Vous vous souvenez peut-être de la devinette qui avait cours il y a quelques années, quand l’intéressée était encore ministre et n’avait pas officiellement opté pour la plaisanterie et la gaudriole dont elle fait aujourd’hui profession. « Que fait Roselyne Bachelot de ses vieux vêtements ? »  Et la réponse : « elle les porte ! » S’il est certain que ses tailleurs roses et ses crocs assortis n’auraient de toute façon pas été de grande utilité pour venir en aide aux sans-abri, il est d’autres vêtements, plus chauds, qui, en ce moment, seraient appréciés par ceux qui vivent encore à la rue.

C’est dans ce contexte de première offensive sérieuse de l’hiver qu’une photographie a scandalisé ceux qui l’ont aperçue et aussi ceux qui en ont entendu parler sur les réseaux sociaux, pour une fois utiles à quelque chose. Elle montre des vêtements lacérés volontairement avant d’être jetés, afin de les rendre inutilisables. En l’occurrence, il s’agit d’une enseigne nationale, Celio, pour la citer, et d’un magasin à Rouen, mais il y a toutes les chances que ce ne soit pas une pratique isolée. Il y a seulement deux ans qu’un député a fait voter une loi interdisant des pratiques similaires sur les produits alimentaires. Auparavant, certaines grandes surfaces jetaient purement et simplement des tonnes de nourriture, devenues invendables pour cause de date limite de consommation par exemple, mais parfaitement mangeables. Certains magasins poussaient le vice jusqu’à dénaturer volontairement les produits afin de les rendre impropres à la consommation, soi-disant pour éviter que des personnes s’intoxiquent et se retournent contre eux.

Il serait peut-être temps de prendre des mesures similaires sur le textile, en obligeant les enseignes à faire don de leurs invendus aux associations qui font déjà collecte de vêtements usagés. L’avantage en serait double. Aider directement certains SDF ou des personnes à faibles ressources en donnant une seconde vie à des vêtements encore portables, mais hors de la mode du jour par exemple, et éviter le gaspillage de matières premières, puisque la plus grande partie des produits ainsi récupérés serait recyclée et les bénéfices générés mis au service des plus démunis. C’est un système qui fonctionne déjà au niveau des particuliers, et l’on n’a que l’embarras du choix entre Le Relai, le Secours populaire, ou catholique, Emmaüs, les petites sœurs ou les petits frères des pauvres, la Croix rouge et j’en oublie probablement. Pour une fois que le gouvernement peut donner un coup de pouce, même s’il est insuffisant à lui tout seul, il me semble qu’il devrait bousculer le calendrier parlementaire pour s’y intéresser en urgence, quitte à différer un de ces mauvais coups dont il s’est fait une spécialité ces derniers temps.

Commentaires  

#1 jacotte 86 07-02-2018 11:49
et quelqu'un que j'aime voudrait que je garde le moral face à cette démonstration de plus de l'égoïsme économique foulant les principes les plus élémentaires de la solidarité... oui la misère du monde à tendance à s'écraser sur mes chaussures!
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