Vigilance

Lorsque j’ai débuté dans le métier d’instituteur et que j’ai dû habiter « en ville », je n’avais pas de logement mis à ma disposition comme c’était la règle en campagne. Cependant, un petit contingent d’appartements HLM était réservé aux enseignants par la commune de Nantes et leur attribution était réalisée par un organisme proche du Syndicat national des instituteurs, dénommé « comité de vigilance » pour des raisons qui se perdent dans la nuit des temps, mais qui ont quelque chose à voir avec la guerre scolaire et la défense de la laïcité.

Plus tard, en juin 1968, il y aura donc bientôt 50 ans, ce même syndicat enseignant affirmait qu’il avait pris la température de la base, qu’il était nécessaire de savoir terminer une grève, qu’il appelait à reprendre le travail, mais que nous devions tous « rester vigilants ». Bien que je n’aie strictement rien senti de l’introduction d’un quelconque thermomètre, et malgré la sensation désagréable de me faire avoir, je me suis mis l’arme au pied comme tout le monde et j’y serais encore si j’avais attendu de nouvelles consignes syndicales pour bouger.

Alors vous comprendrez que lorsque Météo France a émis un bulletin de vigilance orange concernant une grande partie de la France, dont la région Pays de Loire, pour prévenir de l’éventualité de chutes de neige importantes, je ne me suis pas frappé plus que ça. D’autant plus que des vigilances de toutes sortes, il en sort toutes les semaines, quand ce n’est pas plusieurs en même temps. Nous sortons à peine de la vigilance aux crues et aux inondations, qui a succédé aux vigilances sur les tempêtes, les vents violents et à la submersion des vagues sur le littoral. Nous rentrons à présent dans la vigilance au verglas. Nous pouvons nous attendre à d’autres phénomènes climatiques requérant notre attention, y compris la canicule et la sécheresse, malgré l’excès actuel de précipitations. En dehors du temps, la vigilance est de mise toute l’année sur la sécurité sanitaire, on parle alors de vigilance pharmacologique, qui inclut la surveillance des maladies contagieuses et des épidémies. C’est l’accumulation de toutes ces vigilances demandées qui explique probablement la surprise des automobilistes franciliens, bloqués dans leurs véhicules et subissant les conséquences de l’accumulation de neige sur les chaussées, pourtant annoncée par les bulletins météorologiques. À l’évidence, quelque chose ne fonctionne pas correctement dans le système. La vigilance suppose un état de veille et d’attention soutenue. Elle est nécessairement provisoire. La rendre permanente lui ôte toute efficacité. De la même façon qu’une alerte enlèvement fonctionne grâce au caractère exceptionnel de sa diffusion, il faudrait peut-être créer un dispositif d’alerte météo, précisant la menace et donnant des consignes claires et impératives, s’imposant à tous. À chacun ensuite de prendre ses responsabilités.

Commentaires  

#1 poucette 08-02-2018 19:47
militante et même responsable dans la vienne dune section Unité et action du sni apès trois semaines de grève et d'actions unitaires j'ai apprécié des résultats non négligeables et la conquête d'une certaine liberté déexpression
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