La décrue
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 6 février 2018 10:22
- Écrit par Claude Séné
Autant la montée des eaux a pu être rapide dans certains cas, autant la décrue sera lente et progressive. Tous ceux qui en ont été victimes guettent avec espoir la baisse du niveau de l’eau, s’accrochant au moindre signe annonciateur du reflux de la vague qui a tout dévasté sur son passage, occasionnant des dégâts que l’on ne pourra vraiment mesurer que lorsque l’eau se sera retirée. Ce sera long, et pénible. L’inondation laissera des traces, mais un jour ou l’autre, la situation s’améliorera et la crue ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Comme ces sinistrés encore sonnés par le cataclysme qui leur est tombé dessus, je guette le retour du beau temps politique et je veux croire que tout n’est pas perdu définitivement. La vague de la République en marche a certes tout emporté sur son passage, amenant à l’Assemblée nationale une majorité pléthorique, mais le reflux semble s’être amorcé avec les résultats des législatives partielles de dimanche dernier, qui ont vu les deux candidats de la majorité être battus sèchement. Il semble terminé le temps où il suffisait de se réclamer du président et de son image pour être élu. Ce que les Maghrébins traduisent par : « tu mets Bourricot candidat, Bourricot est élu ». Nous n’en sommes pas encore au moment où cela deviendra un handicap d’être parrainé par le président, mais il est permis de rêver. Comme les petits chats nouvellement nés, les Français ont été pour beaucoup Macroniens au moment des présidentielles, mais depuis, leurs yeux ont eu le temps de s’ouvrir, et leurs illusions de se dissoudre dans les augmentations de CSG et les coupes budgétaires.
Le vrai visage du pouvoir sous des apparences de consultation et de démocratie participative est apparu sur le sujet des fonctionnaires. Même la CFDT, que l’on ne peut pas suspecter de préjugé défavorable à l’égard du président, a eu du mal à admettre qu’on la consulte après la décision, l’empêchant ainsi de sauver la face devant ses adhérents, beaucoup plus réservés que ses dirigeants. De timides avancées sont aussi perceptibles chez les jeunes, inquiets à juste titre du dispositif de sélection orientation qui a remplacé le système APB, ainsi que la réforme prévue du baccalauréat. Bref, je sens comme un frémissement, en espérant ne pas prendre mes désirs pour la réalité. Évidemment, la victoire de la droite aux élections partielles ne peut pas me satisfaire, mais je la considère comme ce mal nécessaire comparable aux déchets que laissent les fleuves sur leurs berges après l’inondation. Un spectacle certes désolant, mais que l’on peut nettoyer pour retrouver une nature propre et accueillante. Mes chers compatriotes, encore un effort !