La défense Jawad
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 5 février 2018 10:43
- Écrit par Claude Séné
Comme vous le savez si vous avez tant soit peu pratiqué le noble art des échecs, les grands joueurs ont souvent donné leur nom à des stratégies de défense, ensuite enseignées dans les académies pour l’édification des générations suivantes. On connait ainsi la défense Philidor, la défense Pirc ou Robatsch, dont l’efficacité est saluée par les connaisseurs. Je ne crois pas que l’on pourra en dire autant du système de défense adopté par Jawad Bendaoud, plus connu sous le surnom de « logeur de Daech », et ses coaccusés, au cours du procès qui se tient à Paris en ce moment.
Ce fameux Jawad avait été la risée des réseaux sociaux quand il avait été interviewé et arrêté en direct au moment de l’assaut contre les membres du commando terroriste à Saint Denis. Il prétendait déjà n’être au courant de rien, et avoir simplement voulu « rendre service » en hébergeant des personnes dont il ignorait tout. Sa ligne de défense au procès peut se résumer à une phrase prononcée par un de ses acolytes : « je suis un imbécile, pas un assassin ». On peut le comprendre si l’on se réfère aux peines encourues dans un cas ou dans l’autre. En effet, pour recel de malfaiteurs terroristes, il encourt 6 ans de prison, voire 12 ans si le tribunal retient la complicité, alors que le ridicule ne tue pas, puisqu’il est toujours présent pour débiter des salades invraisemblables en amusant la galerie avec des saillies hors de propos. Si pour échapper à la qualification de terrorisme il faut se déclarer imbécile, irresponsable ou inconscient, pas de problème, il dit « banco » et mieux que ça, il est prêt à en apporter la démonstration. Pour expliquer son comportement, il a recours à des métaphores culinaires, où le grotesque le dispute au délire. Il prétend avoir acheté un bœuf bourguignon (comprenez d’honnêtes voyous) et s’être retrouvé avec un couscous (les vilains terroristes). Il n’a pas reconnu Abaoud, dont le portrait était diffusé partout, parce que son père lui avait dit que tous les terroristes étaient morts, qu’il pensait que c’étaient des Pakis ou des hindous, que son rayon, c’est le trafic de drogue, ou les squats, il ne touche pas à ça, j’en passe, y compris les sandwiches escalopes-Boursin qui démontrent à l’évidence son innocence en matière de terrorisme.
Ce serait drôle si tant de vies n’avaient pas été mises en jeu dans les attentats. Jawad Bendaoud fait le show en tentant d’imiter les stars du stand-up vues à la télé ou sur Internet. Il s’imagine impressionner favorablement l’opinion publique en s’adressant à la cour comme à ses « potes » avec des arguments à la fois naïfs et totalement inconscients. Terroriste, peut-être pas. Imbécile à coup sûr. Dangereux, probablement, car prêt à faire n’importe quoi pour une poignée d’euros : 150 exactement pour protéger d’authentiques assassins.