Derrière mon loup
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 4 janvier 2018 11:24
- Écrit par Claude Séné
Jusqu’à présent, on connaissait surtout le village de la Salvetat sur Agout pour sa source fournissant une eau pétillante réputée. Depuis peu, il y est beaucoup question d’un groupe musical qui s’est lui-même baptisé Les Brigandes, en l’honneur des révoltés vendéens opposés à la Révolution et à la République. Ces 7 jeunes femmes arborent un loup, mais leurs textes s’avancent à visage découvert en prônant l’exclusion, la haine de l’étranger, l’antisémitisme et j’en passe. Avec des titres aussi évocateurs que « foutez le camp », « on vous emmerde », ou « laissez vivre la Russie », elles annoncent clairement la couleur.
Ces trentenaires vivent avec conjoints et enfants, non scolarisés, dans une communauté ressemblant trait pour trait à une secte, dirigée par un gourou qui donne des conférences de presse déguisé en parachutiste. Le groupe possède un local accessible au public où l’on peut se procurer des ouvrages instructifs tels que Mein Kampf, ou le grand remplacement de Renaud Camus. Dernièrement, un habitant de La Salvetat, qui dénonce les activités factieuses du groupe a été l’objet d’une agression verbale, pour laquelle il a déposé une plainte. Sur le plan artistique, la qualité de la production n’est pas fameuse, mais Internet leur a fourni une caisse de résonance, grâce notamment au parfum de scandale, et à la vogue de l’anticonformisme, du négationnisme et du complotisme, qui sévissent sur ce média. Le maire de la commune, élu sur une liste divers droite, affirme ne pas partager les idées des Brigandes, mais refuse de participer à ce qu’il appelle une chasse aux sorcières. Je le soupçonne surtout de vouloir ménager une part non négligeable de son électorat, dans une commune où le Front national a recueilli 35 % des suffrages aux élections législatives et où Marine Le Pen a obtenu 46 % des voix à la présidentielle. N’oublions pas non plus que nous sommes à 1 heure et demie de Béziers, fief du sympathique Robert Ménard, soutenu par le Front national.
Au-delà du folklore, qui pourrait paraître aussi bon enfant que lorsque la Compagnie créole entonnait son Bal masqué, il ne faut pas se cacher que la dédiabolisation entamée par Marine Le Pen depuis quelques années est en train de porter ses fruits. Le simple fait que ce genre de groupe puisse exister au vu et au su de tout le monde sans déclencher de vaste mouvement de protestation montre assez bien l’étendue de la banalisation d’une idéologie mortifère. Il ne semble d’ailleurs pas que les autorités, si promptes à réagir quand il s’agit de l’extrême gauche, se soient beaucoup émues des activités de ce groupuscule, qui sévit pourtant depuis 2014. Liberté d’opinion, oui, apologie du racisme, non.