Bonnes questions, mauvaises réponses

Le spectacle horrifiant présenté par cette vidéo sur les réseaux sociaux montrant l’acharnement de quelques délinquants sur une policière jetée à terre et rouée de coups ne peut évidemment susciter qu’une seule réaction : une condamnation ferme et sans équivoque de tels agissements. C’est ce que n’ont pas manqué de faire et le ministre de l’Intérieur, et le Premier ministre, et le président de la République. On n’en attendait pas moins, mais je suppose qu’ils sont conscients que cela ne règle en rien le problème. Pour être honnête, cette situation catastrophique ne date pas de ce gouvernement.

Les relations entre la population et ceux qui sont chargés de la protéger se sont dégradées progressivement, mais régulièrement, jusqu’à atteindre un point de non-retour, dans lequel l’uniforme, ou tout ce qui rappelle l’état de près ou de loin devient une cible. Il ne suffit pas de dire que c’est inacceptable, il faut recréer des conditions dans lesquelles la confiance sera restaurée de part et d’autre. Ce n’est pas en ressuscitant de vieux serpents de mer que l’on y parviendra. Les policiers se plaignent à juste titre de l’insuffisance des effectifs et de la vétusté de leurs équipements. Encore faut-il définir précisément les tâches qui leur sont confiées et ne pas croire que tout passe uniquement par des crédits supplémentaires. D’autres mettent en avant un soi-disant laxisme de la justice et réclament le retour des peines plancher, dont l’efficacité reste à démontrer. Pour faire bon poids, des policiers demandent l’abrogation de l’ordonnance de 1945 concernant la protection de la jeunesse au motif que les délinquants sont de plus en plus jeunes. Raison de plus pour essayer d’enrayer la dérive de la délinquance avant qu’il ne soit trop tard.

Autre piste de réflexion qui me laisse perplexe : l’assouplissement des règles d’engagement en cas de légitime défense. On peut imaginer ce qui se serait produit si la malheureuse policière avait voulu faire usage de son arme. Elle aurait pu blesser ou tuer un des assaillants, mais aussi risquer de se faire désarmer avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer. C’est cela que l’on veut ? Un Far West à l’américaine où l’on tire d’abord et on demande les explications après ? Ce qui est paradoxal, c’est que les Français ne sont pas globalement en froid avec leur police. Au moment des attentats terroristes, nombre de nos compatriotes étaient prêts à féliciter les forces de l’ordre pour le travail accompli. Ce ne sont sans doute pas les mêmes qui subissent les contrôles au faciès et sont l’objet de la suspicion, voire de l’irrespect ou des bavures policières. Un chantier long et difficile, qui rapporte peu sur le plan électoral, mais indispensable.

Commentaires  

#1 jacotte 86 03-01-2018 11:17
ce n'est pas l'autorisation du port d'armes des milices(même avec formation) qui va alléger la situation, gare aux bavures!
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