Civisme

Le prix du tabac a donc augmenté de 30 centimes depuis hier, et je me sens un peu coupable de ne pas participer à l’effort national puisque j’ai sottement arrêté de fumer, il y a déjà bien longtemps. Je vois pourtant bien que l’état a besoin impérativement de cette recette « de poche » pour boucler un budget obéré par les cadeaux fiscaux aux plus fortunés, qui, si ça se trouve, ne fument pas plus que moi, ou alors uniquement les gros cigares avec leur chapeau haut de forme vissé sur la tête.

Je fais pourtant ce que je peux en acquittant mes impôts sur le revenu rubis sur l’ongle. Je n’y ai d’ailleurs pas grand mérite, car c’est l’administration qui reprend d’une main ce qu’elle vient de me donner de l’autre, et elle est donc idéalement placée pour savoir ce que je gagne. En 2019, ce sera encore plus simple, puisqu’elle fera un circuit court, comme un tiers payant à l’envers, qui, lui, ne sera pas généralisé de sitôt. Sur l’impôt, je suis donc irréprochable, et je vais faire du zèle malgré moi avec l’augmentation de la CSG de 1,7 % au 1er janvier prochain. En revanche, je suis un piètre citoyen sur plusieurs autres sources de revenus de notre mère patrie. J’ai le mauvais goût de ne pas consommer d’alcool, échappant ainsi aux taxes afférentes non négligeables. Je n’utilise mon véhicule que pour un minimum de déplacements réduits au strict nécessaire, ce qui prive la collectivité des ressources de la TIPP, la taxe intérieure sur les produits pétroliers, et la TVA correspondante. Je réduis aussi le risque de passer devant un radar qui veille à ma sécurité moyennant un octroi, un droit de passage hérité directement du moyen-âge, qui s’ajoute au péage, un racket légal concédé aux sociétés d’autoroutes.

Tout ça ne me met pas spécialement à l’aise, surtout quand je vois combien ceux qui nous dirigent sont soucieux de notre bien-être et font tout pour nous aider à rester dans le chemin de la vertu. C’est d’autant plus méritoire de leur part, que c’est scier la branche sur laquelle ils sont assis. Imaginez un instant la catastrophe si les citoyens décidaient brusquement de suivre les recommandations de santé publique en cessant totalement de fumer par exemple. Le manque à gagner serait colossal. Les quelques irréductibles qui en auraient les moyens auraient beau payer le tabac au prix du caviar, ça ne suffirait pas à faire tourner la machine de l’état, qui naviguerait donc sur un volcan. Non, le bon citoyen, c’est celui qui fume au volant en conduisant à vive allure sur l’autoroute après avoir consommé sans modération la palette des produits sur lesquels l’état prélève sa dîme. Vous avez dit paradoxe ?

Commentaires  

#1 jacottebis 14-11-2017 13:10
Tu pourrais peut été te rattraper en jouant au loto et autres jeux de la française des jeux bonne manne au passage pourll'état
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