Gendarmes et voleurs

C’est un jeu vieux comme le monde que celui des gendarmes et des voleurs. Il consiste pour les uns à tenter d’attraper les seconds, et inversement pour les autres, d’essayer de leur échapper. Et vous savez quoi ? Même si les gendarmes arrêtent de temps en temps quelques voleurs maladroits ou malchanceux, le jeu ne se termine jamais pour autant. À l’ingéniosité des voleurs, répond le déploiement de forces des gendarmes, mais ils ont toujours un coup d’avance. Vous aurez beau disposer des moyens de protection les plus sophistiqués, ils présenteront toujours une faille dans laquelle pourront s’engouffrer des personnes mal intentionnées.

C’est un peu ce qui se passe dans l’affaire de l’optimisation fiscale dévoilée par les « paradise papers ». Pris la main dans le sac de confiture, les grosses entreprises, qui se débrouillent pour échapper à l’impôt, argumentent sur le caractère légal de leurs opérations. C’est ainsi que le PDG de Aibnb France, qui fait un chiffre d’affaires de 60 à 160 millions d’euros, justifie de ne payer que 70 000 euros d’impôts sur sa société, et encore, sans confirmer ou infirmer ce chiffre. Quand j’entends des déclarations aussi cyniques, je me dis instinctivement que si cette pratique est légale, il est urgent de changer la loi. Et c’est peut-être ce qui finira par arriver. Le problème c’est qu’entre temps, des juristes ingénieux auront débusqué une autre faille dans le système de protection des états, garants des intérêts collectifs face aux intérêts particuliers. Comme dans votre propre maison, si vous barricadez la porte, ils tenteront d’entrer par la fenêtre. Et si vous avez omis de la verrouiller suffisamment, vous n’aurez que vos yeux pour pleurer chez l’assureur.

Le cas de Bernard Arnault, première fortune de France, est exemplaire à cet égard. J’imagine que ce n’est pas lui en personne qui réalise les montages financiers permettant d’échapper aux contributions légitimes que ses entreprises devraient payer en contrepartie des sommes considérables que dégage le commerce de luxe, mais il ne peut ignorer l’existence de ces pratiques, qu’il encourage forcément en toute bonne conscience. Il s’offusque d’ailleurs que la question lui soit posée, se drapant dans la dignité offensée s’un honnête citoyen qui s’acquitte de toutes ses obligations, et même au-delà, puisque je ne serais pas surpris qu’il glisse une piécette à la quête lors de la messe hebdomadaire. Pourtant ce citoyen au-dessus de tout soupçon, même s’il ne franchit jamais la ligne jaune, distrait une partie des ressources légitimes de l’état, qui permettrait de financer écoles, hôpitaux, etc. Comment qualifier cette façon de faire sinon par le terme de vol légal ? J’ai grand-peur qu’il ne rencontre qu’une faible résistance de la part du président des riches.

Commentaires  

#1 jacotte 86 15-11-2017 10:59
tellement offusqué qu'il prend des mesures représailles en supprimant ses contrats publicitaires sur les réseaux publics! c'est pas beau ça!
Citer