Osons

Les dictateurs, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnait, pour paraphraser Audiard. Le premier et pas le moins culotté, c’est Wladimir Poutine, qui s’adressait aux parlementaires de Russie, et qui a trouvé dans les Occidentaux un bouc émissaire idéal aux multiples maux dont souffre actuellement son pays. À l’en croire, les pays occidentaux ont pris le prétexte de l’Ukraine pour freiner la Russie. Au passage, il fait l’impasse sur l’annexion de la Crimée, qu’il baptise de réunification historique, avec un clin d’œil ironique à celle de l’Allemagne effectuée aux dépens de l’empire soviétique qu’il semble regretter amèrement.

 

Selon lui, sans la crise ukrainienne, l’occident aurait inventé autre chose pour nuire au valeureux peuple russe qui lui fait de l’ombre par ses opportunités croissantes. Pour dire la vérité, les sanctions économiques décidées par les Européens et les Américains ne sont que très secondairement à l’origine de la chute du rouble qui prend des proportions inquiétantes. La chute vertigineuse du cours du pétrole met la Russie dans une situation plus que délicate dans une économie basée sur les matières premières. Et les États-Unis n’y sont pour rien, eux qui voient leur production de pétrole de schiste concurrencée par l’or noir traditionnel, mais ce sont bien les pays de l’OPEP et principalement l’Arabie Saoudite qui ont refusé de baisser leur production pour soutenir les cours.

Mais Wladimir Poutine est sérieusement concurrencé dans la langue de bois par le président kazakh, Noursoultan Lazarbaïev, à qui François Hollande rend une visite officielle en ce moment. Le Kazakhstan n’est pas en effet réputé pour son respect des droits de l’homme en général et de ceux des journalistes en particulier. Reporters sans frontières l’a classé en 2014, 161e dans un palmarès de la liberté de la presse, sur 180 pays. Ce qui n’a pas empêché le président kazakh d’affirmer sans rougir que les droits de l’homme étaient bien plus respectés dans son pays que dans bien des pays européens. Il faudra bien se contenter de cette impudente réponse puisque les intérêts économiques de la France incitent à prendre des gants avec le premier producteur mondial d’uranium dont nos centrales ont tellement besoin. Et aussi parce qu’on ne peut pas tellement la ramener quand l’extradition en Russie du principal opposant au régime est en passe d’être acceptée par la France et que des soupçons de rétrocommissions sont toujours évoqués dans l’affaire de la vente d’hélicoptères.