
Un ministre qui ne ferme pas sa gueule…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 4 juillet 2025 11:07
- Écrit par Claude Séné

Et qui ne démissionne pas non plus, bien au contraire. Il fallait s’y attendre. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, depuis qu’il a été désigné comme président du parti les Républicains, se comporte de plus en plus ouvertement comme un Premier ministre bis, et même plus important que le chef officiel du Gouvernement, François Bayrou, fragilisé à la fois par sa mise en cause personnelle à plusieurs titres dans l’affaire Bétharram, et son échec devenu patent dans les négociations avec les partenaires sociaux pour tenter de trouver un accord sur les retraites.
Dans une tribune du Figaro, Bruno Retailleau a donc réclamé l’arrêt des subventions de l’État destinées à soutenir l’éolien et le photovoltaïque. Cette opinion sort clairement du domaine de compétence du ministère de l’Intérieur, et traduit clairement le mélange des genres imposé par le port d’une double casquette. Ce n’est pas le ministre, mais le chef de parti qui s’est exprimé, faisant fi de la moindre solidarité gouvernementale. C’est ce qu’avait voulu signifier Jean-Pierre Chevènement en son temps avec l’expression imagée citée plus haut. Pour sa défense, Bruno Retailleau fait valoir que la position de son parti n’est pas nouvelle, et que le Président Macron, qui a demandé que chaque ministre se consacre au domaine pour lequel il a été nommé, la connaissait parfaitement. Ce serait donc une provocation pure et simple, démontrant par l’absurde la constitution d’un gouvernement basé sur une absence de majorité, voire des désaccords profonds sur des sujets aussi importants que l’énergie, l’écologie, l’économie, pour ne citer qu’elles. Ce gouvernement n’est en réalité qu’une blague, ne résultant même pas du moindre compromis signé sur un coin de table, qui aboutit nécessairement à des aveux de désaccord de la part d’un soi-disant socle, qui n’a pas grand-chose en commun, sinon le nom.
Théoriquement, la position de l’exécutif sur les questions de transition écologique devrait être portée par la ministre Agnès Pannier-Rubacher, qui n’a pas manqué de réagir en dénonçant des propos totalement « irresponsables », témoignant d’un « populisme basique ». De son côté, l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal, a déploré le retour insidieux d’une forme de « climatoscepticisme antiscience très inquiétant ». L’évidente réalité c’est que le clan qui soutient encore le président Macron se fissure de plus en plus et paye l’absence de contrat de gouvernement entre ses composantes de fait. La droite « classique » représentée par Les Républicains joue sur les deux tableaux en profitant de la tribune médiatique offerte à ses membres par leurs postes ministériels, tout en s’alignant le plus souvent sur les positions du Rassemblement national, en espérant tirer les marrons du feu en 2027. Et pendant ce temps, le président Macron tente d’exister par téléphone interposé.