
Chut ! secret défense
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 21 mai 2025 11:24
- Écrit par Claude Séné

Comment faire en sorte que tout le monde veuille s’informer sur un sujet auquel peu de gens s’intéressent vraiment ? En le rendant confidentiel, et si possible couvert par le sceau du secret, indispensable à la préparation d’une riposte adaptée. C’est ce qui s’est produit avec le rapport sur les Frères musulmans, commandé peu avant la dissolution de l’Assemblée nationale, par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, et remis à son successeur, Bruno Retailleau, qui a souhaité que son contenu soit « déclassifié » pour alerter l’opinion sur le danger que représenterait cette organisation, qui se serait donné comme objectif l’instauration de la charia, la loi islamique, en France.
Par une mystérieuse opération du Saint-Esprit, sûrement, les bonnes feuilles de ce rapport confidentiel auquel seuls les plus hauts responsables de l’état avaient eu accès, se sont retrouvées dans les colonnes du Figaro, allez savoir comment. Notez que ce n’est plus qu’un secret de Polichinelle, puisque la presse entière a repris les informations opportunément divulguées par le quotidien, et que le rapport ne fait guère autre chose que d’enfoncer des portes ouvertes en dénonçant des pratiques d’entrisme de l’organisation dans la plupart des domaines de la société, que ce soit sur le plan culturel, sportif ou celui du culte, qui n’ont rien d’illégal. La situation a cependant été jugée suffisamment préoccupante pour que le Président Macron prélève quelques heures de son temps précieux à réunir à l’Élysée un Conseil de Défense et de sécurité nationale, mobilisant au passage plusieurs ministres et le Premier d’entre eux, François Bayrou.
Le constat est tout sauf une surprise. Dans de nombreux pays musulmans, les « frères » jouent un rôle social, remplaçant parfois un état défaillant. La situation en France est bien différente, et la pratique religieuse des musulmans est, dans l’immense majorité des cas, parfaitement compatible avec les règles de la République. Il existe évidemment des exceptions avec des imams prônant un islam rigoriste et militant, mais l’arsenal juridique permet de traiter ces cas particuliers, pour peu qu’il existe une volonté politique des autorités. Les musulmans présents sur le sol français se retrouvent souvent dans des communautés en fonction de leur religion, mais aussi, et peut-être surtout, selon leur nationalité d’origine, pour ceux qui ont quitté leur pays natal pour diverses raisons. Ils sont devenus un enjeu de politique intérieure pour beaucoup de formations, qui espèrent en tirer un avantage électoral en diabolisant l’islam au travers de la condamnation de l’islamisme. Le résultat le plus visible des politiques d’ostracisation des musulmans en France est de renforcer les antagonismes, en les rendant totalement incompatibles, comme le défendait récemment le Premier ministre avec son « sentiment de submersion migratoire » scandaleux.