Soulagement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 5 novembre 2025 11:13
- Écrit par Claude Séné
Plus encore que la joie de savoir enfin Cécile Kohler et Jacques Paris en sécurité à l’ambassade de France à Téhéran, c’est le soulagement pour la famille de ces deux ressortissants français pris en otages par le régime iranien pendant 1277 interminables journées, sous le prétexte fabriqué de toutes pièces d’un supposé espionnage pour le compte d’une nation étrangère, nous en l’occurrence. Alors qu’ils étaient détenus dans des conditions inhumaines depuis 3 ans et demi, et que l’on avait craint pour leur vie quand leur prison avait été bombardée, leur procès digne des purges de l’époque soviétique les avait condamnés à des peines équivalentes à la perpétuité, auxquelles ils n’auraient probablement pas pu survivre.
Il est des cas où l’appartenance à un même pays, un même peuple, une même culture et aux mêmes valeurs, prend le pas sur toute autre considération, au-delà d’une solidarité que l’on ne doit pas confondre avec un patriotisme, voire un chauvinisme un peu mécanique. L’annonce de leur libération prochaine a, m’a-t-il semblé, déclenché une vague de satisfaction partagée, de solidarité, au-delà des clivages habituels, particulièrement dans cette période de discussions budgétaires qui exacerbe les tensions. Il m’est revenu en tête une scène du film de Jean Renoir, « la grande illusion », qui se déroule pendant la Première Guerre mondiale. Les prisonniers français ont été autorisés à organiser une petite revue dans laquelle les rôles féminins sont interprétés par des hommes, nécessairement. Alors que la représentation bat son plein, un prisonnier fait une annonce : « Douaumont a été repris ! » et les acteurs d’ôter leurs perruques et d’entonner une vibrante Marseillaise, au grand dam des militaires allemands qui les gardent.
C’est quelque chose de cette nature qui a rassemblé le temps d’une soirée la plupart des Français. Pourtant, les deux otages ne sont pas encore tirés d’affaire. Il reste à pouvoir les rapatrier, car ils ne sont pas encore libres de leurs mouvements, en particulier de pouvoir aller et venir à leur guise et surtout de quitter le territoire iranien. Il faut reconnaître également le succès de la diplomatie française, qui a fini par obtenir l’échange de nos otages avec une activiste iranienne détenue en France. On pourra trouver le processus atrocement long, même si le dialogue n’a jamais été rompu, au point de décourager les familles, obligées de respecter un devoir de réserve pour ne pas gêner les négociations. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a bénéficié d’une longévité exceptionnelle dans un gouvernement extrêmement volatil et peut légitimement espérer être crédité pour son action. C’est moins certain pour Emmanuel Macron, qui a annoncé en personne la bonne nouvelle, mais qui est tellement démonétisé désormais qu’il aura du mal à en tirer durablement le bénéfice.
Post scriptum : le diabloguiste et son invitée du dimanche s’absentent quelques jours. Retrouvez les dès lundi 10 novembre 2025.
