Shein : ne pas se tromper de débat
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 4 novembre 2025 11:02
- Écrit par Claude Séné
Depuis quelques jours, le scandale a éclaté. Il est possible en France d’acheter en ligne des poupées d’un genre très spécial, puisqu’il s’agit de reproductions à taille réelle d’enfants, filles et garçons, destinés à assouvir les fantasmes d’une clientèle hors-la-loi. Et cela au vu et au su de tout le monde, à commencer par les responsables de l’enseigne chinoise Shein, qui fait une entrée en force sur le marché européen et notamment français. Or, il s’agit là d’une infraction caractérisée, puisque la loi punit de peines jusqu’à 75 000 euros d’amende et 3 ans d’emprisonnement la diffusion, et même la possession de représentations d’images à caractère pédocriminel.
La plateforme chinoise, consciente des retombées commerciales potentiellement catastrophiques de ce manquement grave à l’éthique la plus élémentaire, a tenté de minimiser sa responsabilité en plaidant l’erreur et a promis de retirer ces produits de la vente. C’est bien le moins. La preuve de leur défaut coupable de vigilance réside dans l’origine de la découverte de ce crime. Il aura fallu une plainte de la DGCCRF, l’organisme chargé de la répression des fraudes pour alerter l’entreprise, bien tardivement, d’ailleurs. Sans que cela ne constitue en rien une excuse, d’autres enseignes de vente en ligne, Ali-Express, Temu et Wish vont également faire l’objet d’une enquête, cependant que Shein sera auditionné par une commission de l’Assemblée nationale. Ce sera l’occasion de se pencher sur le modèle économique qui sous-tend le succès de ces entreprises à bas coût. La France est inondée de produits étrangers fabriqués dans des conditions inacceptables chez nous, avec peu ou pas de protection sociale. Souvent, ces objets ne respectent pas les normes européennes, et font courir un risque à leurs utilisateurs, notamment les très jeunes enfants.
Moyennant quoi, les bras m’en sont tombés en entendant le « raisonnement » d’une influenceuse, rémunérée par l’enseigne, pour justifier la concurrence agressive de vendeurs tels que Shein par la lutte contre la vie chère qui permet aux pauvres de s’habiller à moindres frais. Ne serait-on pas en train de déplacer le sujet et de noyer la controverse sous des arguments n’ayant que peu ou pas de rapport avec le sujet initial ? Le lien entre mercantilisme exacerbé et absence de scrupules n’est plus à démontrer. Shein et d’autres enseignes de vente en ligne, ont franchi la ligne rouge de la légalité et seront poursuivis pour cela. Que l’on redécouvre les ravages potentiels sur nos industries du textile et de l’habillement de l’afflux massif de produits étrangers est un autre problème, fruit de décennies de libéralisme outrancier, qui envahit la planète tout entière, et qu’il faudra bien réguler un jour avant qu’il ne soit trop tard. Nous n’avons pas les moyens d’un protectionnisme à la Trump, mais nous pouvons au moins exiger l’application des règles et des normes existantes.
