
Cabotage
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 13 octobre 2025 11:11
- Écrit par Claude Séné

Le gouvernement nouveau est arrivé, et il est gouleyant. Il fallait être patient pour les journalistes politiques qui n’ont été informés officiellement de sa composition que vers 22 heures, qui semble être devenu le nouvel horaire décent pour démontrer que ceux qui dirigent le pays ne sont pas avares de leur temps, ou bien qu’ils sont tout simplement insomniaques. Si le char de l’état navigue sur un volcan, selon l’expression consacrée, il ne s’éloigne pas beaucoup de la sécurité des côtes et il navigue à vue, comme le faisaient les Anciens, faute d’une cartographie suffisamment précise et fiable. Échaudé par la mésaventure du gouvernement Lecornu 1, le président semble avoir opté pour une démarche pas-à-pas, où à chaque jour suffit sa peine.
Je ne m’attarderai donc pas sur la composition exacte de ce gouvernement en attendant de savoir s’il rejoindra ou non très rapidement les poubelles de l’histoire, mais sur quelques observations plus générales. Terminée la politique de frugalité des 25 ministres de Lecornu 1. Place à l’élargissement à 34 ministres pour garder 3 anciens ministres LR et en accueillir 3 nouveaux, en dépit de l’oukase de Bruno Retailleau, qui a exclu immédiatement les 6 ministres concernés, puisque lui-même n’y sera pas. Lecornu, et à travers lui Macron, revient donc à la stratégie classique du débauchage de personnalités ne représentant souvent qu’elles-mêmes, tout en raclant les fonds de tiroir pour dénicher des têtes nouvelles, bien que pleines de vieilles idées. Sans surprise, on cherchera en vain un sous-secrétaire d’État vaguement issu des rangs les plus modérés de la gauche. La seule concession au parti socialiste, dans l’espoir d’obtenir son indulgence partielle ou plénière, reste la vague promesse de revoir la réforme des retraites. Le parcours du combattant Lecornu reste toutefois très long, difficile, et semé d’embuches.
La présidence fait profil bas pour les prochaines étapes. Les passations de pouvoir se feront « dans la plus stricte intimité » aujourd’hui en attendant la réunion du premier Conseil des ministres mardi matin, après le retour d’Emmanuel Macron du sommet sur le cessez-le-feu à Gaza. Le budget de la France, bricolé à la va-vite à partir des brouillons précédents, devrait y être présenté et approuvé en urgence absolue, pour respecter la lettre des institutions sinon l’esprit. Pendant ce temps-là, deux motions de censure sont déposées, l’une par le RN, et l’autre par les Insoumis et une partie de la gauche. Seule cette dernière pourrait être adoptée d’après les positions connues des formations politiques. Il suffirait d’une partie des voix des députés PS pour atteindre la majorité requise et renvoyer le gouvernement à ses chères études. Même si le groupe PS risque de perdre plusieurs sièges en cas de dissolution, qui serait alors probable, je doute que le camp présidentiel réussisse à glaner suffisamment de votes pour sauver encore une fois sa tête contre l’avis des électeurs. Après un gouvernement « biscornu », il n’y aura sans doute pas de Lecornu ter.