Tout se paye

Pour la troisième fois consécutive la nuit a été animée, mouvementée et violente dans un certain nombre de quartiers difficiles, principalement en région parisienne, mais aussi dans de grandes villes de province, comme Toulouse, Nantes ou Marseille, où le chef de l’état venait pourtant de se rendre avec sa hotte sur le dos. En vain. D’une façon incompréhensible pour le pouvoir, le mécontentement n’a fait que se renforcer un peu partout après la mort de Nahel, dans des circonstances mettant en cause la police et les autorités. Quand le chef de l’état et son gouvernement traitaient par le mépris les manifestations monstres, mais pacifiques contre son projet de réforme des retraites, les voix n’ont pas manqué pour lui prédire des conséquences dramatiques.

La mouche du coche

Depuis l’épisode interminable du feuilleton des retraites, le président semble chercher désespérément une porte de sortie à ce chemin montant, sablonneux et malaisé qu’il a dû emprunter du fait de son entêtement maladif à mener ce chantier injuste et superflu. Comme la mouche de la fable, il s’agite en tous sens dans l’espoir de faire oublier cette fâcheuse péripétie à laquelle son orgueil l’a empêché de renoncer quand il en était encore temps. Son déplacement en majesté dans la lointaine province marseillaise faisait partie de son plan de reconquête de l’opinion, et il permettait d’occuper le terrain médiatique.

Circulez, il n’y a rien à voir

C’est ce qu’aurait espéré le député modem du Loiret, Richard Ramos, interviewé à propos de la mort de ce conducteur de 17 ans à Nanterre, abattu par un policier à cause d’un « refus d’obtempérer ». Dans un effort désespéré de banalisation, ce député, par ailleurs respectable, souhaitait que l’on observe un temps de silence, et dénonçait une récupération politique de la part de la France insoumise. Une position où il était rejoint par le représentant du Rassemblement national, Sébastien Chenu, qui accusait, quant à lui, Jean-Luc Mélenchon de « jeter de l’huile sur le feu ».

Récidive

C’est plus fort que lui, il ne peut pas s’en empêcher. Emmanuel Macron a beau savoir que ce genre de déclaration est contre-productif, qu’un président « ne devrait pas dire ça », il a encore lâché à Marseille une petite phrase à propos du chômage, en réponse à une mère désespérée qui s’inquiète de la situation de son fils qui a du mal à trouver du travail. En 2018, c’est le président lui-même qui rappelle sa provocation, il suffisait, selon lui, de traverser la rue, cette fois, il fanfaronne à nouveau sur sa capacité à dénicher 10 offres d’emploi rien qu’en faisant le tour du vieux port.