Secouons-nous les mains

C’était la traduction littérale de l’expression anglaise dans la fameuse BD d’Astérix quand il rencontrait des « grands Bretons », et notamment Jolitorax, son cousin germain breton, dans l’épisode Astérix chez les Bretons. La poignée de main d’Emmanuel Macron et de Donald Trump va-t-elle entrer dans l’histoire ? on sait que le milliardaire américain s’est fait une spécialité de broyer la main de ses interlocuteurs, contraints de faire bonne figure malgré l’inconfort d’une telle situation. Il semblerait que Macron Astérix se soit entraîné longuement pour passer l’épreuve avec succès lors du sommet du G7 en Sicile.

Je le soupçonnerais même d’avoir pris double ration de potion magique puisque, loin de subir la poignée de main virile de son interlocuteur, on voit clairement sur les vidéos que c’est lui qui retient la main du président américain et le force à prolonger l’exercice. Pourtant, Donald Trump est le genre de personne avec qui il est recommandé de compter ses doigts après lui avoir serré la main, et si Macron a remporté la bataille psychologique en lui tenant tête sur l’exercice du « shake-hand », ce sera sa seule victoire. Trump n’a rien lâché sur les sujets qui fâchent, que ce soit l’accord de Paris sur le climat ou le budget de l’OTAN. Son attitude me rappelle une petite histoire que je vais vous narrer, histoire de détendre un peu l’atmosphère. C’est un cow-boy, appelons-le Joe, qui rentre dans un saloon, et qui commande un whisky, avant de demander une tournée générale, sous les vivats de l’assemblée, en déclarant : « quand Joe boit, tout le monde boit ». Puis il sort un quart de dollar, le pose sur le comptoir et d’une voix de stentor s’exclame : « quand Joe paye, tout le monde paye ». Après avoir généreusement ouvert le parapluie de la protection nucléaire du temps de la guerre froide, le cow-boy américain présente maintenant la facture à ses alliés pour les défendre d’une menace inexistante. De quoi leur faire regretter de n’avoir jamais su ou voulu mettre en place une défense européenne autonome.

Ce sera peut-être le chantier le plus important du quinquennat qui débute. En guise d’amuse-bouche, Macron va recevoir le maître du Kremlin à Versailles. Nul doute que leur poignée de main sera scrutée à la loupe, tant on sait que les relations réelles ou supposées de certains candidats avec la Russie pendant la présidentielle ont défrayé la chronique. On peut s’attendre à une nouvelle démonstration de testostérone avec un Wladimir Poutine qui ne manque jamais une occasion de montrer les muscles, et un Emmanuel Macron qui adopte une diplomatie du bras de fer. En aura-t-il les moyens ?