Vergogne (sans)

Ce vieux mot que l’on retrouve dans l’italien vergogna, le portugais vergonha, l’espagnol vergüenza, le catalan vergonya ou l’occitan vergonha, ne s’emploie plus guère de nos jours que pour en souligner l’absence. Et c’est bien cette absence de honte qui me sidère dans l’obstination aveugle du candidat Fillon à mener campagne envers et contre tout. Personnellement, si j’étais soupçonné du millième des agissements frauduleux qui lui sont reprochés, je courrais chercher un minuscule trou de souris dans lequel me dissimuler et y cacher ma honte. Dans le cas de François Fillon, ce n’est plus du courage, mais de l’inconscience.

Il faut avoir bien peu de respect de soi-même pour ne pas voir l’indécence des sommes mises en jeu dans les emplois présumés fictifs de sa femme et de ses enfants, pour un travail qui reste à démontrer, alors que la plus grande partie des électeurs n’a jamais vu la couleur de cet argent en trimant sa vie entière. Ce n’est pas un hasard si les manifestants l’accueillent un peu partout en scandant « le million » pour lui rappeler l’énormité des fraudes supposées dont on lui fait grief. Jusqu’à saint Matthieu qui se retourne contre lui quand le curé de Saint-Gilles à La Réunion lui a lu ce passage de l’évangile selon lequel « il ne s’en sortirait pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou », un sermon que l’on aurait cru spécialement écrit pour lui. Même s’il décide, comme c’est probable, de conserver cet argent, qu’il l’ait bien ou mal acquis, François Fillon devra payer le prix de son attitude qui témoigne d’un grand mépris du petit peuple dont il sollicite les suffrages. En s’entêtant, il ne fait que desservir ses propres supporters, qui commencent à trainer les pieds devant la perspective d’une défaite dans cette élection jugée imperdable à l’origine.

Ce qui est proprement stupéfiant, c’est le calme et la froideur du candidat devant des accusations gravissimes, qu’il feint d’attribuer à de la pure calomnie, sans jamais apporter la moindre preuve de la réalité du travail de sa femme et de ses enfants, ce qui aurait désamorcé immédiatement l’émotion suscitée par les révélations du Canard enchainé. Probablement parce que de telles preuves n’existent pas. S’il avait la moindre trace de vergogne, de sens de l’honneur, il se serait mis en retrait de la République, le temps de se consacrer à sa défense et de laisser la justice faire son travail. Il aurait fait passer l’intérêt de la nation, ou au minimum celui de son propre camp, avant le sien propre. Mais cela ne semble pas faire partie de son vocabulaire.

Commentaires  

#1 jacotte 86 14-02-2017 11:28
il est de la trempe des Cahuzac et consorts qui vivent dans un monde de privilégiés déconnectés de la vie réelle du petit peuple qui a hélas trop souvent la mémoire si courte qu'il leur donne souvent l'absolution... alors pourquoi se gêner!!!
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