Interférences

Les électeurs de gauche seront-ils les faiseurs de rois de la primaire de la droite et du centre ? Certains semblent le penser, pour s’en réjouir ou s’en attrister. La tentation existe d’aller interférer dans le camp adverse pour favoriser la désignation de l’un ou l’autre candidat, ou faire barrage à l’un d’entre eux. Bien que les avis soient partagés. Pour certains, le réflexe est et demeure le « tout sauf Sarkozy ». Ils ont fait leur deuil d’une victoire de la gauche en 2017 et ils estiment, à tort ou à raison, que Juppé serait le « moins pire » des présidents de droite.

Pour d’autres, Juppé serait le fossoyeur des dernières chances de la gauche, alors que Sarkozy, faisant figure d’épouvantail, laisserait une infime possibilité de victoire ou une défaite moins cuisante. Les sondages indiquent que c’est principalement Juppé qui serait bénéficiaire d’une consultation élargie. Ce qui explique le discours très violent de son rival qui n’hésite pas à traiter de parjures les électeurs de gauche qui signeraient la déclaration d’adhésion aux valeurs de la droite et du centre. Bizarrement, il était beaucoup plus tolérant et ouvert à l’égard des transfuges qu’il avait réussi à dévoyer à l’occasion de son élection en 2007, où il se vantait de ses prises de guerre telles que Éric Besson, Jean-Marie Bockel ou Bernard Kouchner. Allez savoir pourquoi, il soulignait plutôt la clairvoyance de ses anciens adversaires qui ralliaient son propre camp. Il ne fait d’ailleurs pas preuve du même ostracisme à l’encontre des électeurs du Front national qui seraient tentés de le rejoindre.

On n’a pas non plus constaté que Christian Estrosi ou Xavier Bertrand aient fait la fine bouche pour accepter les voix de gauche afin de se faire élire présidents de leurs régions respectives. Ils ont même envisagé, dans un moment d’égarement, d’associer l’opposition de gauche à des commissions consultatives, sans jamais toutefois envisager un quelconque renvoi d’ascenseur si la situation s’inversait dans d’autres échéances électorales. Qu’on se rassure, ces velléités ont été bien vite oubliées, et le clivage est redevenu la règle. Alors, l’enjeu mérite-t-il que les électeurs de gauche fassent massivement le déplacement les 20 et 27 novembre prochain ? Personnellement j’en doute. À moins que les sondages n’indiquent un résultat serré, laissant une chance sérieuse de l’emporter à celui des 7 mercenaires qui fait l’objet de tous les rejets, et dont une bonne partie de l’électorat ne veut à aucun prix du retour. Là, il n’est pas exclu que je me fende de mes deux euros et que je signe mon accord avec les valeurs républicaines au nom desquelles on m’a déjà forcé à voter Chirac en 2002 pour éviter le pire.

Commentaires  

#1 jacotte 86 13-10-2016 12:30
peut-être bien que je te suivrai , la mort dans l'âme..
Citer