
Cherche médecin désespérément
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 30 avril 2025 11:18
- Écrit par Claude Séné

C’est, en substance, ce qui apparait aux entrées de nombreuses communes de France qui rivalisent d’ingéniosité pour tenter d’attirer sur leur territoire un ou plusieurs médecins pour soigner la population locale, souvent obligée de se déplacer pour obtenir un rendez-vous dans un délai acceptable. Même les communes pourvues d’un cabinet médical ne parviennent pas toujours à répondre aux besoins, comme en témoigne la difficulté à trouver un médecin traitant. Plus de 10 % des Français n’en disposent pas, et deux tiers de médecins généralistes déclarent être amenés à refuser de nouveaux patients. Naturellement, certaines régions sont mieux pourvues que d’autres, du fait de leur attractivité naturelle.
D’où cette idée, apparemment de bon sens, de « réguler » l’installation de nouveaux médecins arrivant sur le marché et de les obliger à couvrir, partiellement ou complètement, les territoires déficitaires. C’est l’objet d’une proposition de loi débattue à l’Assemblée nationale, connue sous le nom de loi Garot, ce député de Mayenne à l’origine d’un groupe transpartisan visant à réduire les déserts médicaux. Le but est louable, mais la méthode, autoritaire, semble surtout faire la presque unanimité des médecins contre lui. Leurs organisations syndicales ont d’ailleurs appelé à un mouvement de grève illimité depuis hier, marquant ainsi leur opposition à ce texte, qui a cependant été adopté par les députés en première lecture. Il est aussi à noter que le ministre de la Santé et le Premier ministre ne le soutient pas, mais n’a guère de solutions alternatives à proposer.
Il faut au minimum 10 à 12 ans pour former un médecin, et davantage encore pour un spécialiste, devenu une denrée rare dans certaines disciplines. Les décisions concernant le numérus clausus ne produiront donc d’effet que beaucoup plus tard, et il serait nécessaire de trouver des solutions alternatives immédiates. D’autant plus que les pratiques médicales ont changé. Les jeunes médecins souhaitent travailler en équipe, être déchargés au maximum de la partie administrative, et ne pas consacrer tout leur temps à leur métier. On considère qu’il faut deux nouveaux praticiens pour compenser le départ en retraite d’un ancien. Parmi les mesures susceptibles de désengorger le système médical français, il y a le recours à des médecins étrangers, notamment dans les hôpitaux, mais il est limité par le manque de reconnaissance des diplômes, qui décourage nombre de candidats, sous-payés bien que remplissant les fonctions, dans les faits. La question que soulèvent les opposants à la loi Garot, c’est bien celle du nombre global de médecins sur notre territoire. Selon eux, la France entière est un désert médical et c’est sur les médecins eux-mêmes que pèse le déficit de l’offre de soins. Ils ne veulent pas être les boucs émissaires de cette situation, et on les comprend.