
Simple comme un coup de fil
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 19 mars 2025 10:48
- Écrit par Claude Séné

Dans le scénario rêvé par Donald Trump, il lui suffisait d’apparaître, auréolé du prestige d’une victoire électorale basée sur la promesse de rendre leur grandeur aux États-Unis, pour que la mer rouge se retire et le laisse passer tel Moïse, guidant son peuple vers la terre promise. Après avoir « persuadé » le président ukrainien qu’il devait accepter un cessez-le-feu de 30 jours, il se faisait fort d’obtenir l’accord de Vladimir Poutine sur son projet et d’entamer des négociations en vue d’une paix, où Russes et Américains trouveraient matière à se réjouir.
Rendez-vous était donc pris pour un échange téléphonique, mais les États-Unis devaient très vite déchanter. Si Donald Trump veut à tout prix un accord rapide, pour plastronner et renforcer son prestige auprès de son électorat, Vladimir Poutine préfère faire traîner les pourparlers, pour grappiller des territoires supplémentaires et affaiblir durablement l’Ukraine, sous couvert d’arrêt unilatéral des hostilités. Comme à sa détestable habitude, le tyran russe a fait poirauter son homologue américain, comme il l’a fait par le passé avec la reine d’Angleterre ou le Pape, sans aucune nécessité diplomatique, sinon de montrer son ascendant psychologique sur son interlocuteur. On ignore évidemment la plus grande partie de ces discussions, mais on peut imaginer que Trump lui aurait volontiers posé la question suivante : « est-ce que tu viens pour les vacances ? » et basta, le plus important étant d’afficher une connivence entre puissants, une « bromance » qui aurait trouvé son point d’orgue au moment de se quitter, sur le modèle : « nan ! c’est toi qui raccroches… » pour faire durer l’échange.
La réalité est sans doute toute autre, car la liste des exigences de Poutine a dû être longue, bien que Trump semble avoir cédé par avance à toutes les demandes, en échange de la gloire de s’attribuer le mérite d’une paix illusoire et quelques réserves de métaux rares aux dépens des Ukrainiens. La disposition la plus inacceptable est bien entendu celle qui aboutirait à un déséquilibre militaire livrant l’Ukraine à une nouvelle agression à plus ou moins brève échéance. Donald Trump n’a eu d’autre choix que de faire semblant de se satisfaire d’un accord a minima, où la seule concession russe serait d’épargner provisoirement les infrastructures de production d’énergie et de ne pas poursuivre les hostilités par voie aérienne. Un engagement que Poutine s’est empressé de ne pas respecter en lançant aussitôt force missiles et drones sur le territoire ukrainien la nuit dernière. Tout le monde sait que la Russie de Monsieur Poutine se réserve la possibilité de ne tenir aucun engagement international si elle estime être dans son bon droit. L’invasion et la conquête de la Crimée par la force en sont un témoignage. Elle pourrait en profiter pour obtenir la légitimation de ce déni de justice par une politique du fait accompli en jouant sur l’orgueil de Donald Trump.