Y a-t-il un gréviste dans l’avion ?

La grève à Air France s’est donc terminée sans qu’un accord ait été signé entre le SNPL, le syndicat majoritaire des pilotes de ligne, et la direction, après 14 jours de conflit très dur. La compagnie y a laissé beaucoup de plumes avec des pertes sèches estimées à 20 millions d’euros par jour, et un déficit d’image dans le marché très concurrentiel du transport aérien.

 

L’état, actionnaire minoritaire avec 16 % du capital, a joué un rôle très important dans l’issue du conflit, en refusant de nommer le médiateur demandé par les grévistes et en annonçant le retrait du plan de développement de Transavia, la filiale low cost d’Air France, avant la direction. Sur le plan de la communication également, le gouvernement, premier ministre en tête, a sévèrement critiqué le mouvement. Il faut dire que la grève des pilotes est apparue aux yeux des Français « moyens » comme une grève de riches, de nantis, non sans quelques raisons. On supposait les pilotes bien payés, du fait des responsabilités qu’ils assument, mais on a découvert à cette occasion les rémunérations mirobolantes qui leur sont accordées. Le salaire de base est assez important, mais ne compte que pour un quart de la rémunération. Le plus gros provient des primes de vol, qui permettent aux pilotes de gagner 11 000 euros par mois en moyenne. Un pactole qui augmente avec l’ancienneté et la taille de l’avion, pour atteindre un maximum de 27 000 euros pour un commandant de bord sur un A380.

De la même façon que l’on trouve toujours plus à plaindre que soi, les pilotes font valoir que leur rémunération est aussi justifiée, sinon plus, que celle des footballeurs. Soit. Est-ce une raison pour percevoir 10 ou 15 fois plus qu’un « rampant » dans la même entreprise ? Je ne le pense pas. Pas plus que je n’ai été convaincu par l’argumentation d’une avocate, qui justifiait les avantages liés au statut de profession réglementée en se comparant aux traders qui gagnent beaucoup plus qu’elle, sans que cela dérange quiconque. Eh bien, elle se trompe, ça me dérange, et ça dérangerait beaucoup de gens s’ils étaient mieux informés.