Haro sur les fonctionnaires

Vous avez aimé la chasse aux chômeurs qui sucent le sang des vertueux citoyens qui ont eu la chance d’échapper à la privation d’emploi, vous allez adorer la chasse aux sorcières entamée par Stanislas Guérini qui semble vouloir éradiquer les problèmes de fonctionnement des services publics en s’en prenant aux exécutants, pris entre le marteau de la hiérarchie et l’enclume du mécontentement des usagers. Le ministre de la Transformation et de la Fonction publique était l’invité de France Inter il y a quelques jours pour présenter une réforme basée sur la recette indémodable de la carotte et du bâton.

Au travers de ses propos, et aussi de ce qu’il n’a pas dit, mais fortement insinué, on comprend le peu d’estime qu’il professe à l’égard de ses administrés. Quand le ministre annonce une rémunération « au mérite » et que dans le même temps il professe la généralisation des sanctions contre ceux qui ne font pas ou mal leur travail, il est clair qu’il jette le discrédit sur toutes les professions concernées. Pour faire passer la pilule, il préfère mettre en avant la notion de récompense. Mais ce n’est pas la bonne façon d’envisager le fonctionnement des services publics. Payer décemment un enseignant ou un soignant par exemple, ne devrait pas être un octroi de la hiérarchie, soumis à son bon plaisir, et bientôt réservé aux seuls « copains et coquins » de sinistre mémoire. L’arbitraire et la « tête du client » ne devraient pas avoir droit de cité dans le domaine public. Que l’état commence par assurer des rémunérations et des conditions de travail décentes dans les services publics, et je parie que la crise des vocations que l’on constate dans beaucoup de secteurs reculera, sans qu’il soit besoin de revoir les ambitions à la baisse, comme on peut le craindre dans l’éducation nationale.

Ce gouvernement est empêtré dans des mouvements de contestation et de défiance, dont il craint qu’ils n’aboutissent à de sévères défaites électorales. Son échec financier devient patent alors qu’il s’obstine dans le refus de faire payer ses riches commanditaires. Alors il cherche désespérément à faire porter le chapeau à ceux qui n’ont pas ou peu de moyens de se défendre. Tantôt les chômeurs, tantôt les retraités, tantôt les réfugiés climatiques ou économiques, et maintenant les fonctionnaires, ces pelés, ces galeux. Sans oublier les récalcitrants qui menacent de saboter les JO en exerçant leur droit constitutionnel de faire grève, que la droite tente de saborder par tous les moyens. En tout cas, si Stanislas Guérini met ses menaces à exécution et réussit à licencier la majeure partie des 5,7 millions de fonctionnaires dont on comprend entre les lignes qu’il les juge incompétents et fainéants, bon courage pour recruter des employés modèles, taillables et corvéables à merci, sans mettre sérieusement la main à la poche, comme chez beaucoup de nos voisins.

Commentaires  

#1 Jacotte86 13-04-2024 13:13
Au secours notre démocratie fout le camp
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