C’est celui qui dit qui y est

Il y en a qui tournent sept fois leur langue dans leur bouche avant de dire une connerie. Ne comptez pas sur Nathalie Loiseau pour cela. Comment ça, vous ne voyez pas qui c’est ? Enfin, Nat, la serial gaffeuse, acoquinée dans sa jeunesse avec un mouvement étudiant d’extrême-droite, avant de trouver sa vocation et rejoindre la République en marche. Elle sera même ministre des Affaires étrangères, si, si, et exfiltrée au parlement européen, où elle échouera à être désignée comme présidente du groupe centriste, à la suite de propos controversés visant ses collègues et supposés amis.

Vous voyez qui c’est, maintenant ? Bon, au lieu de continuer à se faire oublier, voilà-t’y pas qu’elle donne une interview au magazine Le Point et qu’elle lâche la petite phrase fatale en déclarant, à propos de la crise ukrainienne, que l’Europe ne devait pas être « face à Moscou, une grosse Suisse molle ». De la part de quelqu’un qui n’est pas précisément un modèle de finesse, tant au moral qu’au physique, la comparaison ne manque pas de sel et les Suisses n’ont que peu goûté cette attaque purement gratuite qui signe un mépris tout à fait hors de propos. Au point que sur les conseils probablement insistants de ses supérieurs hiérarchiques, Nathalie Loiseau s’est fendue d’excuses en bonne et due forme. Las, chassez le naturel, le remède a été pire que le mal. Pour justifier sa bévue, la pauvre Nathalie n’a rien trouvé de plus minable que de préciser qu’elle avait de la famille à Annemasse, qui comme chacun sait se trouve en Haute-Savoie, laissant ainsi supposer qu’elle l’ignorait. Disons tout de suite qu’il vaudrait mieux qu’elle s’en tienne là, de crainte d’aggraver encore les choses en s’excusant de ses excuses.

Le mieux, c’est d’attendre un oubli miséricordieux, un clou chassant l’autre. Elle peut compter sur Marjorie Taylor Greene, une élue américaine pro-Trump, qui a dénoncé publiquement Nancy Pelosi, la cheffe de la majorité démocrate au Congrès, en l’accusant d’avoir mis en place une police « gaspacho ». Si Nathalie est nulle en géo, Marjorie, c’est en histoire. Elle confond visiblement le potage froid espagnol avec la Gestapo nazie de sinistre mémoire. Elle n’hésite pas non plus à appeler « goulag » la prison très ordinaire où sont détenus les assaillants du Capitole qui ont tenté de remettre en question les résultats de l’élection présidentielle. Il y a toutefois une différence notable entre les deux femmes politiques, c’est que l’élue républicaine de Géorgie, malgré des opinions très contestables, possède un certain sens de l’humour et de l’autodérision, puisqu’elle a indiqué que les personnes qui espionneraient les députés pour le compte des Démocrates seraient « privées de soupe » et immédiatement « jetées au goulash », du nom de cette soupe hongroise bien connue.