L’erreur est humaine

C’est en substance ce que Boris Johnson aimerait que l’on retienne du rapport Gray, du nom de la haute fonctionnaire, Sue Gray, responsable de l’administration du Premier ministre, considérée comme une incorruptible, et qui a pointé avec courage les graves manquements aux règles du confinement pendant les 16 « réunions » au 10 Downing street ou dans les ministères. Les pressions sur Sue Gray n’y ont rien fait, la police lui a interdit de divulguer certains faits pour ne pas « gêner l’enquête », le rapport n’en dénonce pas moins des erreurs dans la gestion de la crise, et notamment l’existence de fêtes en plein confinement jusqu’au domicile privé du Premier ministre.

Au point que Boris Johnson n’a pas pu éviter de reconnaitre partiellement sa responsabilité en se déclarant « désolé », sans toutefois présenter sa démission, ce qui semblait pourtant la conséquence logique la plus normale de son attitude désinvolte à l’égard de ses concitoyens soumis à des restrictions difficiles pendant la pandémie. Il essaye encore une fois de s’en tirer par une pirouette, en mettant en avant un « succès » très hypothétique de la mise en place du Brexit, et en tentant de nouveau de reporter toutes les difficultés sur l’Union européenne, dont il faudrait se débarrasser des derniers vestiges qui entraveraient encore l’économie britannique. Le Premier ministre essaye également de détourner l’attention des problèmes domestiques en montant en épingle son attitude de fermeté vis-à-vis de la Russie et de Wladimir Poutine dans la crise avec l’Ukraine, où il se rend aujourd’hui. La recette est classique, mais la ficelle est un peu grosse. Notamment pour nous, Français, dont le président est coutumier du fait.

Nul ne sait combien de temps Bo Jo pourra tenir, avec un « partygate » aussi embarrassant avant de remettre sa démission à sa gracieuse majesté comme le veut l’usage. Le parti conservateur peut être tenté de laisser son leader s’enfoncer pour purger le contentieux une bonne fois en s’en débarrassant au moment le moins mauvais. Quant aux travaillistes, ils profitent à plein de cette situation en passant devant les torys dans les intentions de vote. Ils ont donc du temps devant eux avant les élections générales prévues en mai 2024, à moins que les conservateurs déclenchent une élection anticipée, comme Boris Johnson l’a fait avec succès en 2019. Pour un responsable politique de quelque nationalité qu’il soit, se déclarer simplement désolé pour des erreurs hautement symboliques me parait totalement insuffisant et disproportionné. Certes, Boris Johnson n’a tué personne, il n’a pas non plus « cramé la caisse » selon l’expression pleine de finesse et d’élégance d’une candidate à la présidence française, mais son attitude accrédite l’idée que les dirigeants peuvent s’affranchir des règles applicables aux sujets, britanniques en l’occurrence. Sa façon de se justifier ne fait qu’empirer la faute initiale, avec une persévérance parfaitement diabolique.

Commentaires  

#1 jacotte86 01-02-2022 12:02
le "fait du prince" sévit partout!
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