De la provocation…

… considérée comme l’un des beaux-arts. Emmanuel Macron n’aura pas traîné pour agiter un chiffon rouge, en l’occurrence bleu, avec des étoiles dorées, pour faire parler de lui en 2022, année électorale s’il en est, comme cela n’aura échappé à personne. Pour saluer la présidence tournante de la France du Conseil de l’Union européenne, et se parer des plumes du paon, le président français a fait déployer le drapeau européen sous l’Arc de Triomphe, déclenchant instantanément une polémique stérile sur le soi-disant abandon de souveraineté de la France au profit d’une Europe supra nationale.

Au point que les détracteurs de cette initiative se sont persuadés que le drapeau tricolore avait été abaissé pour faire place à la bannière étoilée, alors qu’il ne s’y trouve que pour des occasions spéciales. On peut soupçonner le président français d’avoir déclenché cette polémique à dessein, pour se poser en défenseur des institutions européennes. Dans ce cas, il a commis une grossière erreur en ne faisant pas hisser côte à côte les deux drapeaux, prêtant ainsi le flanc à une critique évidente, dans un pays où le sentiment européen est moins vif que chez la plupart de nos voisins. Une erreur non assumée, mais reconnue en creux, car le drapeau de la discorde a été enlevé en catimini et en toute discrétion pendant la nuit pour éteindre le début d’incendie. Cette première bourde laissera-t-elle des traces ? personne ne peut le dire, mais on a le sentiment de voir un remake de l’arroseur arrosé, et ce n’est que justice.

La seconde erreur n’en est pas une, mais bel et bien une faute politique. Macron a été, à mon avis, victime de son orgueil en décernant la Légion d’honneur à son ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui a quitté le navire gouvernemental en pleine pandémie du Covid en février 2020 pour remplacer au pied levé Benjamin Griveaux à la tête de la liste municipale à Paris. Sa gestion de la crise sanitaire a été critiquée à juste titre, on se souvient des pénuries de masques, et des mensonges pour minimiser la situation avant de déclarer un mois plus tard qu’elle savait que le pire allait arriver et qu’elle avait prévenu le Premier ministre de la gravité de l’épidémie. Alors je sais bien que l’on donne la Légion d’honneur à n’importe qui et pour des motifs parfois futiles. Mais enfin, pourquoi elle ? Et pourquoi maintenant ? Cela ressemble fort à un pied de nez du président, alors que l’ancienne ministre a été mise en examen pour mise en danger de la vie d’autrui par la Cour de Justice de la République. Une manière de signifier, au mieux, qu’Emmanuel Macron se considère au-dessus des lois, et au pire qu’il exerce une pression sur les magistrats pour les défier de condamner une personne adoubée par ses soins.

Commentaires  

#1 jacotte86 03-01-2022 11:48
ça ne finira donc jamais ah lala ah lala ...
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