Science et fiction

Ce sont les deux axes auxquels les frères Bogdanov ont consacré leur existence, autant sur le petit écran, où ils ont animé des émissions traitant de ces sujets que dans des ouvrages de vulgarisation scientifique. Leurs visages familiers se sont transformés progressivement à la suite de probables opérations dites esthétiques, et c’est sous cet aspect « d’extraterrestres » qu’ils sont aujourd’hui connus et reconnus. Nous avons été surpris de la mort du plus jeune des jumeaux, Grichka, à l’âge de 72 ans, des suites du covid-19, en apprenant qu’il n’était, pas plus que son frère Igor, lui aussi hospitalisé, protégé par la vaccination.

Autant la première année où la maladie a sévi, nous étions tous, les uns et les autres, démunis et impuissants, autant désormais le fait d’être non vacciné pour des personnes ne présentant pas de contre-indication, et suivant les questions scientifiques, ne peut être qu’un acte volontaire. L’avocat de la famille souligne que Grichka Bogdanov ne présentait pas de comorbidité. Serait-il alors un cordonnier parmi les plus mal chaussés ? a-t-il pensé que sa bonne santé naturelle l’immuniserait contre le virus et la maladie ? À moins que la récente évolution des frères jumeaux vers une forme de religiosité voire de mysticisme, les ait amenés à une sorte de fatalisme où les voies du Seigneur devraient être respectées, même au prix de sa vie ? nous ne le saurons sans doute jamais. Par contre, j’ai pu apercevoir le témoignage d’un « repenti », qui s’est sorti de la maladie après un séjour éprouvant en réanimation, et qui exhorte depuis son lit d’hôpital tous les sceptiques à se faire vacciner, pour eux, pour leurs proches et pour la société en général. Son appel est d’autant plus pressant qu’il a visiblement eu le sentiment de frôler la mort.

Fort heureusement, l’hypothèse d’une moindre virulence du variant Omicron semble se confirmer, car celle d’une plus forte contagiosité est avérée avec un record de cas atteint hier et destiné à être battu de jour en jour. 180 000 nouveaux cas en une journée, et des prévisions allant jusqu’à 250 000 cas journaliers possibles. Ces chiffres impressionnants font paraître certaines mesures annoncées pour totalement anecdotiques, comme l’interdiction de boire et de manger dans les trains ou les cinémas ou l’obligation de s’assoir pour consommer dans les bars. Non pas que ce ne soit pas utile, mais cela paraît dérisoire si les meetings politiques échappent à toutes restrictions. Alors, puisque les bars de nuit et les discothèques restent fermés, que le public des bals populaires restera interdit de danse, on pourrait voir refleurir les pancartes folkloriques d’un temps que l’on avait cru révolu, où l’on rappelait qu’il était interdit de cracher par terre et de parler breton, pour lutter contre les deux fléaux de l’époque : la tuberculose et le particularisme régional.