Beaucoup de bruit pour rien

Ou pas grand-chose. Dans l’affaire du meurtre présumé de Delphine Jubillar, disparue depuis un an, on a pu croire qu’il y avait du nouveau, et du lourd, après la mise en garde à vue de la nouvelle compagne de Cédric Jubillar, le mari, toujours suspect numéro un et incarcéré à la maison d’arrêt de Seysses près de Toulouse. Les enquêteurs ont longuement interrogé Séverine L. sur une éventuelle complicité avec Cédric Jubillar dans la dissimulation du corps de Delphine, ce que l’on appelle techniquement un recel de cadavre, mais elle semble les avoir convaincus de sa bonne foi et ignorer tout de ce sujet.

Les bases juridiques de ce rebondissement sont en effet très minces. Elles reposent sur le témoignage « spontané » d’un ex-codétenu qui aurait recueilli les confidences de Cédric Jubillar, lequel lui aurait confié la mission de demander à Séverine de vérifier la cachette où serait dissimulé le corps, voire de le déplacer dans un autre lieu pour faire accuser l’amant de sa femme. S’il semble avéré que Cédric Jubillar est un affabulateur et un manipulateur qui aime à compliquer les choses, il ne semble ni assez machiavélique pour échafauder des théories complexes, si assez stupide pour se mettre ainsi en risque d’être découvert s’il est vraiment coupable. Tout le monde sait que les voisins de cellule peuvent être des « moutons » et qu’il serait très imprudent de leur confier des secrets. Les codétenus peuvent aussi mentir, soit pour se rendre intéressants, soit en échange de remises de peine dans d’autres affaires, réelles ou fantasmées. Le témoignage du codétenu est donc sujet à caution, et la garde à vue semble avoir été décidée dans l’espoir, déçu, des juges d’instruction de faire craquer la compagne de Cédric Jubillar. Elle est ressortie fatiguée de ces quarante heures d’interrogatoire, mais sans avoir fourni d’éléments à charge contre son actuel compagnon, probablement parce qu’elle n’en possède pas.

On ne peut pas s’empêcher de faire un rapprochement de date entre la disparition de Delphine Jubillar et ce rebondissement. Il semble que les enquêteurs aient voulu démontrer, un an après, jour pour jour, qu’ils ne lâchaient pas l’affaire. Leur intime conviction reste la culpabilité de Cédric Jubillar, et la justice les suit, en rejetant la troisième demande de libération présentée par les avocats du suspect, malgré l’absence de scène de crime, de corps, d’aveux ou de preuves contre lui. Il ne pourra pourtant pas être incarcéré indéfiniment ainsi sans éléments nouveaux, et il faudra bien un jour que les juges d’instruction mettent un terme à leurs investigations et décident, soit de conclure à un non-lieu si les éléments leur paraissent insuffisants, soit de déférer le suspect devant une cour d’Assises, qui devra apprécier les éléments connus et les interpréter dans le sens d’une condamnation ou d’un acquittement.

Commentaires  

#1 jacotte86 18-12-2021 11:37
pourquoi tout ce bruit ? pour masquer un vide , pour se donner bonne conscience?
comme disait Colluche " c'est pas parce qu'on à rien à dire qu'l faut fermer sa gueule!" en attendant ça fait vendre du papier..
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