Devoirs de vacances

Ce président veut décidément ne rien faire comme ses prédécesseurs. Après avoir boudé les allocutions traditionnelles du 14 juillet, il en a délivré une le 12, que n'aurait pas désavoué François Hollande, ni Nicolas Sarkozy, pour ne citer que les deux derniers. Il faut dire que cela devenait urgent de démontrer que l'état ne demeurait pas les bras ballants devant la montée du variant delta, et qu'il fallait pousser les feux pour relancer une campagne de vaccination qui marque le pas.

Comme à son habitude, Emmanuel Macron a tranché sans trancher sur la vaccination obligatoire, qui ne s'appliquera qu'aux personnels en contact avec les personnes vulnérables. Une mesure plébiscitée par les Français non concernés, mais peu goûtée des intéressés, souvent encore réfractaires, et qui passeront pour les vilains petits canards. J'attends avec intérêt la stratégie gouvernementale pour se passer des irréductibles soignants, contraints à une grève de fait, laissant l'hôpital ou l'EPAD, déjà en sous-effectif , gérer une situation impossible. Il y a là une forme de pari dangereux, qui rejaillira sur l'ensemble de la société en cas de conflit ouvert.

Quant au reste de la population, pas d'obligation, mais des incitations très fortes, et un régime de carotte et de bâton, tout aussi infantilisant. Le public ne s'y est pas trompé qui s'est rué sur les plate-formes de prise de rendez-vous sans attendre la fin du discours présidentiel. Mais ce mouvement sera-t-il durable ? Il faudrait que les candidats à la vaccination soient toujours plus nombreux pour approcher le taux de couverture nécessaire à une immunité collective, et nous sommes encore loin du compte.

Jusque là, la copie de l'élève Macron était à peu près cohérente, malgré ses approximations et les points non-traités, que l'absence de journalistes lui a permis d'éviter dans un discours en majesté qu'il affectionne. Et puis il a absolument voulu caser les points qu'il avait révisés, totalement hors-sujet, tels que l'assurance chômage ou la réforme des retraites, en s'empressant de sous-entendre que ce serait pour plus tard. Il prend néanmoins le risque d'agiter un chiffon rouge sous le nez des syndicats, unanimes dans l'urgence à ne rien faire sur ces points. Puis nous avons eu droit au salmigondis habituel pour tenter de donner une ossature idéologique à un discours qui en est dépourvu, avec le culte du travail et du mérite dont il feint d'ignorer qu'il est très largement héréditaire bien que non génétique. Il a même réussi à placer une allusion à l'écologie en prévision des futures échéances électorales. Bref, juste un devoir de vacances comme un autre pour le président, et un nouveau pensum pour les Français, qui n'auront eu guère le temps de profiter de leurs congés, quand ils ont la chance d'en prendre.