Simplissime

Une nouvelle agression d’une policière à La Chapelle-sur-Erdre, une banlieue tranquille de Nantes, a relancé la machine à produire des solutions simplistes, tant prisées par la droite en général et le Rassemblement national en particulier, qui n’ont pas laissé passer l’occasion aussi près d’une élection territoriale. Et la campagne présidentielle n’est même pas encore lancée officiellement. Ça promet ! Avant même d’avoir des informations précises sur le profil de l’agresseur, chacun y est allé de ses conclusions définitives, assorties de mesures radicales au mépris du respect des libertés individuelles dans un état de droit.

Bien que le caractère terroriste de l’agression ne soit pas établi, le seul fait que le suspect apparaisse dans le fichier S a fait dire à certains qu’il aurait dû être étroitement surveillé. Or ce fichier comprend environ 20 000 personnes et la DGSI ne compte que 4300 fonctionnaires pour le moment et une seule surveillance mobilise une vingtaine de policiers. Je vous laisse calculer le nombre de personnes à recruter. L’homme était sorti de prison après avoir purgé une peine de droit commun, sans réduction ni aménagement. Qu’à cela ne tienne. Il faudrait maintenir tous les suspects de récidive en détention préventive, aussi longtemps que nécessaire, et surtout s’ils ont une pratique religieuse stricte. On objectera que le taux d’occupation des prisons est déjà de 116 % en moyenne et jusqu’à 138 % en maison d’arrêt, sans que l’inflation des séjours en prison ait fait baisser en quoi que ce soit la délinquance.

Pire même, il semble que la prison soit un des lieux principaux de radicalisation extrémiste, alors que l’on savait déjà qu’elle constitue un centre d’apprentissage du crime organisé et un titre de gloire pour les caïds en devenir. Il faudra donc recruter des surveillants en très grand nombre pour éviter d’amplifier ce phénomène, surtout si l’on veut éviter de laisser sortir des individus potentiellement dangereux. Il faudra au minimum multiplier les places de prison par 2 ou par 3, sans perspective aucune de sortie, ce qui équivaut à allumer une bombe à retardement en détention, qui ne fonctionne, et à grand-peine, que grâce à l’espoir d’en sortir un jour, même lointain.

Un dernier aspect qui a son importance, c’est la maladie mentale dont souffrait l’agresseur, diagnostiqué schizophrène et qui était l’objet d’une obligation de soin, qu’il avait respecté à la lettre. Ce qui n’a pas empêché de petits scientistes improvisés de réclamer l’internement de toutes les personnes présentant des troubles mentaux, une population de l’ordre de 5 à 600 000 personnes quand même. Et la cerise sur le gâteau, c’est quand ces apôtres d’une société sous contrôle policier en ont profité pour réclamer la généralisation de l’armement des polices municipales alors que c’est précisément en dérobant l’arme de service de la policière que l’agresseur a pu blesser des gendarmes cherchant à l’appréhender.

Commentaires  

#1 jacotte 86 29-05-2021 11:00
cherchez l'erreur...
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