L’échec d’une société

Comment peut-on en arriver là ? C’est l’incompréhension qui domine après ce nouveau fait divers qui a coûté la vie d’une adolescente de 14 ans retrouvée noyée dans la Seine à Argenteuil, à la suite d’un conflit entre jeunes du même lycée professionnel, qui n’aurait jamais dû dégénérer à ce point-là. Il faudra attendre l’autopsie pour déterminer si Alisha est décédée de la suite directe des coups que lui ont porté un autre jeune et sa petite amie, âgés tous les deux de 15 ans, ou si c’est la noyade qui a été la cause de la mort.

Dans un cas comme dans l’autre, les agresseurs ont aggravé leur cas en n’alertant pas les secours, si tant est qu’il était encore possible de porter assistance à la victime. La mère du suspect principal, à qui il s’était confié après les faits, a elle-même tardé à se rendre au commissariat après avoir tenté de retrouver elle-même la jeune fille. J’y vois, peut-être à tort, le signe d’une coupure avec la police locale, que l’on ne solliciterait pas spontanément en cas de problèmes. Alisha était victime depuis plusieurs semaines de harcèlement de ses futurs bourreaux. Le garçon avait piraté son compte et mis en ligne sur des réseaux sociaux des photos et des vidéos intimes volées pour la faire passer pour une fille facile. Une bagarre avait opposé la victime et la petite amie à l’école, et la famille d’Alisha avait alerté le lycée sur ces faits de harcèlement moral. Une réunion du conseil de discipline devait d’ailleurs évoquer l’affaire. Trop tard, beaucoup trop tard. Et pour quel résultat ?

Maintenant que l’irréparable s’est produit, on imagine que, dans le meilleur des cas, le lycée aurait prononcé une mesure d’éloignement des protagonistes, en excluant soit les agresseurs, soit la victime elle-même, comme cela arrive encore bien souvent. Une mesure totalement inefficace, bien que ce soit souvent la seule à disposition des établissements scolaires. Le conflit n’aurait fait que se déplacer, soit dans la vie réelle, comme le disent les jeunes, soit dans les réseaux sociaux, une vie virtuelle perçue fréquemment comme encore plus importante que l’autre, et ô combien difficile à contrôler. Lorsque des adultes veulent rectifier une mauvaise image dont ils souffrent sur Internet, ils sont obligés de faire appel à des sociétés spécialisées, dont les services coûtent fort cher pour un résultat incertain. Rien d’étonnant à ce que des jeunes se sentent pris au piège, au point pour certains d’être poussés au suicide comme cette petite fille de 11 ans qui a mis fin à ses jours en 2019. Ces faits de harcèlement se multiplient et la société, comme l’institution scolaire, semble bien désarmée pour y faire face et protéger les victimes.

Commentaires  

#1 jacotte 86 10-03-2021 11:58
rien ne va plus dans un monde où les enfants ne sont plus protégés de toutes les dérives des adultes...il est temps de faire notre mea culpa
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