Le bonheur de Sophie

Connaissez-vous Sophie Cluzel ? Pour ma part, je ne connaissais guère que de nom la Secrétaire d’État, chargée des Personnes handicapées depuis 2017, avant de l’entendre dans la longueur il y a peu sur France Inter. Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est son attitude, commune avec la plupart des soutiens du gouvernement, qui est de justifier tout ce que le pouvoir peut avoir mis en place, en dénigrant tout ce qu’il ne fait pas. Avec Sophie Cluzel, le verre ne descend jamais en dessous du niveau à moitié plein.

Chacun sait que le premier objectif d’un pouvoir, quel qu’il soit, est de se maintenir, et si possible améliorer sa position. C’est ainsi qu’il faut comprendre la politique suivie par le macronisme, qui tente de servir successivement des intérêts et des clientèles contradictoires. Dans le parcours de Mme Cluzel, il y a beaucoup de communication, d’appel à une société « inclusive », et assez peu de résultats concrets. Elle présente ainsi comme une victoire la revalorisation de l’allocation adulte handicapé qui est passée de 900 euros à 902,70 € au 1er avril 2020. Qui peut vivre décemment avec une telle somme, un peu supérieure au RSA (564,78 €), et encore loin du SMIC à 1231 euros nets, déjà insuffisant ? Le 2e exemple d’escroquerie intellectuelle concerne le logement. On se souvient que la précédente loi sur les logements neufs prévoyait une obligation de les rendre accessibles aux personnes handicapées. La nouvelle loi, soutenue par Sophie Cluzel, fait passer cette obligation de 100 % à 10 %, en se contentant de prévoir des modifications ultérieures en cas de besoin, et la secrétaire d’État, qui devrait au minimum défendre sa boutique et les intérêts de ceux dont elle a la charge, n’y voit que des avantages. Mieux encore, ou pire, elle fait porter la responsabilité du manque de logements accessibles sur les maires, en particulier s’ils ne sont pas dans la majorité.

Mme Cluzel a donc conclu son échange avec les journalistes et les auditeurs de la station par une déclaration d’autosatisfaction bien méritée, que je comprends parfaitement. Après tout, elle bénéficie d’un job en or, peu exposé, car les personnes handicapées manifestent rarement malgré leurs nombreuses revendications, toujours repoussées aux calendes. Elle est légitime à son poste, puisqu’une de ses 4 enfants est trisomique. Julia, âgée de 25 ans, a d’ailleurs décroché un contrat d’alternance à l’intendance de l’Élysée, illustrant parfaitement l’axiome du président de la République qui explique qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un job, surtout si on le connait personnellement. On ne peut que se réjouir pour elle, tout en constatant que la situation des personnes handicapées, supposée être une priorité du quinquennat, n’a guère progressé depuis presque 4 ans.

Commentaires  

#1 jacotte 86 15-02-2021 11:47
j'ai écouté son interview c'est du grand art d'enfumage!!! décidément Macron sait bien coacher ses serviteurs..
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