Y a pas mort d’homme

Mais que se passe-t-il à Quotidien, l’émission de divertissement de TMC, filiale de TF1 ? Son animateur vedette, Yann Barthès, aurait-il des montagnes de PV de stationnement impayés qui l’inciteraient à négocier avec les forces de l’ordre ? Il a pris la défense des fonctionnaires de police dont la petite fête au commissariat d’Aubervilliers pour célébrer le départ d’un d’entre eux sur fond de Macarena, de boissons alcoolisées et de non-respect des gestes barrière pourtant dûment affichés sur les murs, a fait scandale. Tout ça ne serait pas bien grave à ses yeux et ne mériterait pas le traitement qu’en ont fait les chaînes d’information continue.

En substance, il aurait pu reprendre à son compte la réplique de Jean-Pierre Darroussin dans le film de Poiré, « mes meilleurs copains », car il n’y a pas, en effet, mort d’homme. Mais le symbole est désastreux. Les policiers qui distribuent généreusement et sans états d’âme les contraventions à 135 euros aux citoyens qui ne respectent pas les injonctions gouvernementales ont un devoir d’exemplarité. Quotidien a donné la parole à un syndicaliste policier qui a involontairement aggravé son cas en condamnant fermement la diffusion de ces images choquantes, plus que les faits révélés malencontreusement. Au passage, on apprend que les forces de police sont dans l’incapacité de respecter les précautions imposées aux simples citoyens, faute de locaux et de matériel adaptés. L’affaire ayant pris des proportions inattendues par une médiatisation gênante, et n’en déplaise à Yann Barthès qu’on a connu plus inspiré que dans ce combat douteux, une enquête judiciaire a été ouverte, ce qui me parait la moindre des choses, et dont j’attends les résultats avec curiosité.

Le citoyen que je suis ne comprendrait pas que l’on soit plus indulgent avec des policiers méprisant les règles qu’ils sont chargés de faire respecter, qu’avec le propriétaire de brasserie de Nice qui a rouvert illégalement son établissement et prôné la désobéissance civile en appelant tous les restaurateurs à faire comme lui. Il sera verbalisé, ainsi que la cinquantaine de convives présents, et devra, de surcroît, répondre de l’emploi illégal d’un clandestin au cours de sa garde à vue. Si l’on peut discuter de l’opportunité de laisser ouverts les restaurants dans certaines circonstances précises, comme celles des routiers par exemple, de telles initiatives ne peuvent que desservir la cause qu’elles sont supposées défendre. Quand on sait que la ville de Nice, et plus largement le département des Alpes Maritimes, sont parmi les zones les plus tendues sur le plan sanitaire, au point qu’il a fallu transférer deux patients atteints du Covid en direction de Vannes, on se dit que des comportements irresponsables, y compris à Aubervilliers, peuvent amener à ce qu’il y ait vraiment mort d’homme.