Perspectives

C’est le devenir de quelque chose qui se présente comme probable ou possible, une éventualité, un horizon, un futur…

Celles qui devraient être les plus préoccupantes en cette période de pandémie, ce sont celles qui s’ouvrent à toute cette génération de 15 à 25 ans et plus !

Les dernières déclarations de Macron lors de sa visite à Saclay aux étudiants m’ont révoltée !

Pour venir en aide à cette population de presque 3 millions, dont une petite partie seulement peut compter sur le soutien familial, il propose 2 repas par jour à 1 euro au restaurant universitaire, bel effort, insuffisant quand on sait que, soit les restos sont bondés, soit ils sont fermés, et que ceux qui sont ouverts sont très loin de la population qui en aurait besoin ! Insuffisants aussi, la création de 20 000 emplois de tutorat à 12 heures par semaine (400 € pendant 4 mois !) et l’offre des chèques psychologiques pour se faire aider… !

Donc, nos étudiants vont mal ? ils sont de plus en plus nombreux à demander de l’aide alimentaire (plus de 30 000 aux restos du cœur dont 50 % des bénéficiaires ont moins de 25 ans) pour ne pas crever de faim (1 000 par jour à Aix…). Quand ils ont payé le loyer, les transports, les frais scolaires… il leur reste 100 € pour vivre ! Ce n’est pas avec les bourses qui leur sont octroyées, de 5 679 € par an la plus élevée, à 1 032 € la plus faible, même s’ils sont exonérés des frais d’inscription, qu’ils peuvent faire face aux réalités du quotidien. C’est d’autant plus difficile que la plupart des emplois temporaires qui leur permettaient de se constituer un petit capital pour l’année universitaire sont devenus impossibles. On estime à 1 200 € par mois, le montant minimum qui permettrait à un étudiant de vivre décemment !

Les appels à l’aide sur les réseaux sociaux se multiplient, 2 étudiantes en Master d’Aix-en-Provence ont lancé un manifeste et ouvert une page Facebook où s’expriment le désarroi, la détresse. Les témoignages sont insoutenables : pensées suicidaires, insomnie, recours aux anxiolytiques, perte de poids, perte de motivation, solitude morale et sociale… voilà ce que l’on offre à ceux qui représentent notre avenir !

Le 26 janvier prochain, la FAGE, qui demande que l’on remette les étudiants sur l’échiquier politique, appelle à une manifestation pour se faire entendre, pour être pris en considération. Reprendra-t-on le rapport parlementaire de Sandrine Mörse et Marie George Buffet : « mesurer et prévenir les effets de la covid 19 sur les enfants et la jeunesse » ?

Car il faut regarder les perspectives de toute la jeunesse, ceux qui se trouvent privés d’emploi, de formation, qui n’ont même pas le RSA… banlieusards ou ruraux… seuls 200 000 d’entre eux qui n’ont ni emploi, ni formation, ni études se voient attribuer « l’allocation garantie jeune » de 484 € par mois, pas terrible pour imaginer un futur !

Cette génération sacrifiée que l’on a plongée dans la précarité, qui vient grossir les rangs des 9,3 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté et à qui on laisse en héritage une dette énorme, pourrait dire avec Stefan Zweig : « on ne nous faisait rien — on nous laissait seulement face au néant »

L’invitée du dimanche