Récidive

Un fait-divers vient relancer la polémique qui n’a jamais vraiment cessé sur un supposé laxisme de la justice. L’homme qui a avoué le viol et le meurtre d’une adolescente de 15 ans à Nantes a déjà été condamné en 2005 dans la Vienne pour des faits similaires. À sa sortie de prison en 2016, il s’était soumis à l’ensemble des obligations légales qui lui avaient été imposées et paraissait avoir retrouvé une existence « normale ». Il vivait en couple, avait un travail régulier et des relations de bon voisinage. Il se rendait également sans faute aux rendez-vous avec un psychothérapeute tous les deux mois.

On peut trouver ce traitement trop léger, mais le principal est ailleurs. Cet homme a purgé sa peine, comme on dit, et cependant il a récidivé. Ses pulsions sont trop fortes, et il a visiblement appris à les dissimuler. Une des fonctions de la prison est de séparer certains individus du reste de la société, afin de la protéger. Cette mission a été accomplie, ici, mais ne prévient pas la récidive, qui peut intervenir dès la libération. L’exemplarité de la peine, la longueur de la privation de liberté et les contraintes encourues sont supposées avoir un effet dissuasif sur les criminels, mais cela ne vaut que pour ceux qui sont régis par un comportement rationnel, ce qui n‘est pas constamment le cas. La prison n’est malheureusement pas le lieu où l’on peut soigner des dysfonctionnements ou des pathologies mentales. Le temps de présence d’un psychiatre en établissement pénitentiaire, rapporté au nombre de détenus, est ridiculement bas et je ne pense pas que le lieu se prête à une quelconque thérapie.

La prison est depuis longtemps suspectée d’aggraver les problèmes plutôt que les régler. Sorte de rite de passage pour les apprentis délinquants dans certains quartiers, elle peut se révéler être une véritable école du crime, où les primo délinquants côtoient les criminels endurcis. On comprend pourquoi, dans ces conditions, beaucoup de peines prononcées ne sont pas exécutées dans les faits, le remède pouvant s’avérer pire que le mal, mais cela contribue à l’impression d’impunité que peut éprouver la population et ceux qui font respecter la loi, alors que la justice française n’est ni plus ni moins sévère qu’ailleurs. Le développement des peines alternatives à l’emprisonnement devrait être accéléré. Le confinement a contribué au désengorgement des prisons, il faut en profiter pour amplifier le processus et non réclamer sans cesse de nouvelles places en détention, dans une sorte de fuite en avant, qui n’a pas démontré son efficacité aux États-Unis. Il ne faut cependant pas se leurrer. Il sera toujours très difficile de se prémunir des agissements de certains criminels qui arrivent à donner le change pour éviter de se faire prendre. La démagogie de certains responsables politiques ne fait qu’aggraver la situation.