La roche Tarpéienne

Cet éperon rocheux de la Rome antique était connu pour être le théâtre des exécutions de condamnés à mort que l’on précipitait dans le vide. Elle se trouvait non loin du Capitole, qui était le siège du pouvoir religieux. On se souvient des fameuses oies qui ont alerté les Romains sur l’imminence d’une attaque gauloise. Elles ont permis la gloire de Manlius, qui fut cependant jeté de la roche Tarpéienne à la suite d’une accusation de vouloir conquérir le trône. C’est de là que vient l’expression : « il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. »

Une formule que peut méditer tranquillement l’ex-président du Mali, Ibrahim Boubakar Keïta, démissionné par une mutinerie de l’armée, et qui aura tout loisir de réfléchir aux circonstances qui l’ont amené à devoir se démettre de ses fonctions, ainsi que le Premier ministre et l’ensemble des députés. La situation malienne, où le pouvoir central ne contrôlait plus qu’une partie du territoire national et ne se maintenait que grâce à l’appui des forces françaises, va en être encore compliquée. La communauté internationale aura été impuissante à éviter ce coup d’État, qui semble ne pas émouvoir outre mesure la population. Les pays voisins espèrent simplement que la révolte contre les institutions ne sera pas contagieuse. Les militaires tiendront-ils leur promesse d’élections libres dans un délai raisonnable ? Cela devient une denrée rare en ce bas monde. Le président biélorusse semble prêt à toutes les concessions plutôt que d’en organiser.

Et même quand les élections ne sont pas truquées, les démocraties sont à la merci des populistes qui promettent tout et n’importe quoi, avant de faire effectivement tout et n’importe quoi lorsqu’ils arrivent au pouvoir. Les Américains et le monde vont, je l’espère, être débarrassés de Donald Trump en novembre prochain, mais les Brésiliens devront encore supporter Jaïr Bolsonaro, qui ne recule devant aucun mensonge pour embobiner son peuple, décidément bien naïf et crédule, pour la frange qui le soutient. Selon lui, la forêt amazonienne n’est pas touchée par les incendies, car une forêt tropicale « ne peut pas brûler ». Que l’on puisse nier à ce point l’évidence reste un mystère pour moi, et encore plus qu’il se trouve des personnes tellement endoctrinées qu’elles préfèrent croire que ce que dit leur idole est plus crédible que ce qu’elles voient de leurs propres yeux. Il y a des précédents dans l’histoire récente, et ce sont les croyances totalitaires, le nazisme, le stalinisme, le maoïsme et tous ces noms en — isme forgés sur le culte de la personnalité et menés d’une main de fer par des autocrates sans scrupules. Souhaitons à ces dirigeants de voir leurs statues déboulonnées de leur vivant.

Commentaires  

#1 jacotte 86 19-08-2020 11:14
y a du boulot...
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