Le joker

Vous connaissez le personnage de fiction, créé par les éditions Marvel pour incarner le super-méchant opposé au super-héros, Batman, l’homme chauve-souris. Dans les jeux de cartes, c’est le fou du roi, qui remplace n’importe quelle figure pour créer des combinaisons gagnantes. Récemment, il a été le personnage principal d’un film oscarisé, magistralement interprété par Joaquin Phoenix, jouant le rôle d’un clown psychopathe, grimaçant un rictus artificiel jusque dans ses crimes les plus cruels. Joker, c’est littéralement celui qui plaisante, qui fait des blagues, et c’est aussi le nouveau rôle que s’est attribué le Président des États-Unis.

À la différence près que Donald Trump ne fait pas de blagues, ne raconte pas de blagues, il est, lui-même et par sa personne, une vraie blague à lui tout seul. En lieu et place du maquillage de clown du Joker, qui le fait reconnaître au premier coup d’œil, il arbore une chevelure tellement improbable qu’il a dû prouver qu’il ne s’agissait pas d’une perruque, sans pouvoir pour autant dissiper tous les doutes. Ce qui ne l’empêche nullement d’être tellement satisfait de son apparence physique qu’il a refusé jusqu’à une période récente d’en dissimuler même une partie sous un masque chirurgical. Comme aurait dit Raymond Devos, à défaut de sauver la face, ça en aurait quand même caché un peu. Impensable pour un personnage qui se croit irrésistible. Malgré une confiance en lui qui semble inébranlable, sa dégringolade dans les sondages, associée à une crise économique qui ruine son principal argument de campagne, il paraît sentir le vent du boulet et il va tenter de sauver les meubles quand il en est encore temps, à quelques mois de l’élection présidentielle.

La concession du port du masque pour se donner une apparence de citoyen modèle, fait sûrement partie de sa nouvelle stratégie. Après avoir accusé les Chinois, puis les Démocrates, d’être à l’origine de tous les maux, il se résout à recommander cette protection. Son nouveau cheval de bataille sera le vote par correspondance, qui serait source de fraude massive selon lui. Il prend date dès maintenant pour pouvoir contester le scrutin s’il n’était pas réélu le 4 novembre prochain. On imagine que dans le cas contraire il considérerait le vote comme tout à fait loyal et sincère. Les Américains ont déjà expérimenté des présidents tricheurs, comme Richard Nixon, Tricky Dick pour les intimes, démissionné après le Watergate, ou Georges Bush fils, déclaré vainqueur en Floride grâce à son frère Jeb. Donald Trump lui-même a été élu malgré le vote populaire favorable à Hillary Clinton, dans une élection où la Russie a pesé de tout son poids. La constitution les protège en théorie d’un nouveau tripatouillage par lequel Donald Joker Trump obtiendrait une prolongation de son mandat grâce à un report des élections jusqu’à une date plus favorable à ses intérêts. À eux de jouer !