Un nouveau chemin ?

 

 

 

Le président Macron, renouant avec la tradition de l'interview du 14 Juillet, a promis aux Français de les mener sur un « nouveau chemin », qui m'a fait penser immédiatement à celui décrit par Jean de la Fontaine, qui était « montant, sablonneux, malaisé », au point de faire s'enliser un coche, métaphore évidente du char de l'état, qui semble naviguer sur le volcan de l'épidémie, et menace de verser à tout moment. Et le président, comme la mouche de la fable, pique les uns, pique les autres, fait l'empressé et veut tirer gloire des efforts des Français.

Ce bon apôtre prétend nous guider sur un nouveau chemin sans nous indiquer la destination finale, dont on devine qu'elle ne sera guère différente de celle qu'il a empruntée depuis son accession à la propriété de la France, si ce n'est de tirer encore plus sur sa droite, comme on dit d'une voiture à la direction défaillante. Sans promettre explicitement« du sang et des larmes » il suggère que ce ne sera pas un chemin de lys et de roses, du moins pour les plus défavorisés d'entre nous. Son nouveau chemin ressemblera probablement à l'ancien, mâtiné d'un brin de raffarinade, avec sa fameuse route qui était droite mais dont la pente était raide. S'il s'agissait de rechercher la paix de l'âme au travers d'une méditation profonde, je pourrais être d'accord sur le principe que le plus important réside dans la démarche plus que dans l'objectif à atteindre. Malheureusement, la réalité est beaucoup plus triviale et les aspirations des Français nettement plus terre-à-terre. Ils voudraient en finir avec les contraintes sanitaires tout en étant assurés de leur protection. Que l 'état se décide enfin à définir une politique claire et constante en la matière, notamment sur les masques et les tests de dépistage. Ils essaient aussi désespérément de sauver leurs emplois, et attendent du gouvernement qu'il mobilise les moyens de l'état pour cela.

Le nouveau chemin d'Emmanuel Macron est de toute évidence pour lui le chemin de sa réélection pour laquelle il est d'ores et déjà en campagne. Le défi est de taille. Depuis Jacques Chirac en 2002, aucun président sortant n'a réussi à se faire réélire, et encore, seule la cohabitation et l'élimination surprise de Lionel Jospin avaient permis ce tour de force. Emmanuel Macron escompte bien renouveler le hold-up de 2017 en étant de nouveau opposé à Marine Le Pen, mais les 600 jours dont il estime disposer pour convaincre sont encore longs, et le chemin en est semé d'embûches. Il lui faudra prétendre avoir changé, mais pas trop, battre sa coulpe, juste ce qu'il faut, et compter sur les divisions de ses adversaires. Heureusement, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise .