Résilience deuil et pardon

Voilà trois concepts souvent mis en avant dans les médias à l’occasion de situations dramatiques collectives, mais aussi personnelles et dont il est peut-être nécessaire de voir leurs liens s’il y en a.

La résilience c’est un terme emprunté à la physique qui désigne la capacité d’un système à absorber une perturbation, à se réorganiser, à continuer de fonctionner comme avant la perturbation.

Il a été utilisé en psychologie, aux États-Unis par John Bowlby, et en France il y a une vingtaine d’années par le psychiatre Boris Cyrulnik. Il définit la capacité d’un individu à faire face à une situation difficile, « c’est l’art de naviguer entre les torrents ».

Pas de traumatisme, pas de résilience !

Être résiliant c’est refuser le rôle de victime, transformer la souffrance en rage de vivre, c’est être capable d’engager un processus de réparation de soi au lieu d’être terrassé. À la suite d’un traumatisme, on n’évolue vers la résilience que si l’on a côtoyé la mort, agressé par la vie ou par les autres. Le milieu affectif, l’environnement, le tempérament personnel, favorisent la mise en place de la résilience qui trouve ses racines dans l’enfance, dans la relation parent enfant.

Le deuil est un des plus grands traumatismes de la vie, il paraît évident qu’en tant que tel, son passage va être facilité par la résilience. Il oblige à faire avec la souffrance, qui n’est ni vaine ni insensée, car elle nous amène à faire face, à mobiliser nos ressources intérieures, donc à mobiliser la résilience montrant notre capacité à surmonter l’épreuve. La résilience c’est une aptitude au deuil, on est conduit avec elle à mettre en place une stratégie de survie, à dépasser la colère, la révolte, le sentiment de justice, pour restaurer l’estime de soi et la confiance dans nos dispositions.

Il y a aussi un lien entre le pardon et la résilience. Le pardon, qui signifie libérer, délier, est un processus qui aboutit à faire la remise d’une dette pour se libérer soi-même et éventuellement l’autre. Mais d’abord pour soi, égoïstement, pour libérer de la haine, c’est un cadeau fait à soi-même. C’est une façon de reprendre sa vie en main, ce n’est pas oublier, mais apaiser la blessure. Plus la blessure est grave plus le pardon peut être un facteur important dans la reconstruction, c’est un acte qui veut inventer l’avenir plus qu’un acte qui efface le passé. Il suppose d’avoir abandonné la colère, et la soif de vengeance. C’est le résultat d’un acheminement, d’un travail sur sa souffrance, c’est une étape importante pour aller vers la réparation, la guérison, et entrer en résilience. C’est une façon de reprendre sa vie en main, ce n’est pas oublier, mais apaiser la blessure.

Chez les résilients, on trouve beaucoup d’écrivains, d’artistes, qui choisissent la création pour sublimer leurs blessures, au hasard Dickens, Kipling, Barbara, Perec, ou qui deviennent psychologues, psychiatres, soignants… pour racheter des fautes qu’ils n’ont pas commises. Lorsque l’on a été blessé, on est contraint de tricoter un processus de résilience jusqu’à sa mort, la blessure est enfouie, transformée, mais jamais guérie totalement.

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Claude 29-04-2018 10:55
Une association d'idées légèrement décalée m'a fait penser à un passage du "vieux couple", un texte de Dabadie chanté par Reggiani, où il dit:"Et le plus beau tu m'as trahi, mais tu ne m'en a pas voulu" Une résilience inversée?
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