« L’imprévu que l’on n’avait pas prévu »

C’était la formule de ma garagiste pour s’excuser du retard des travaux. Cela n’est pas si idiot que ça en a l’air, car bien sûr l’imprévu est par définition quelque chose que l’on ne pouvait pas prévoir, qui vous tombe dessus d’une manière inattendue, mais je maintiens que l’on devrait être en mesure de prévoir l’imprévisible, c’est ce qui se fait entre autres dans l’étude des situations de sécurité si l’on veut qu’elle soit maximum et trouver les parades possibles.

J’aurais donc pu peut-être ne pas être surprise par cet imprévu qui m’est tombé sur la tête mardi matin, et qui m’a causé beaucoup de désagréments, l’un d’entre eux et pas le moindre, c’est que quatre jours passés à l’hôpital m’ont fait manquer de temps et de concentration pour concocter mon billet d’aujourd’hui.

Comme je suis consciencieuse, et que je ne voudrais pas vous décevoir avec une page blanche, je m’en vais livrer quelques réflexions inspirées par ce petit séjour hospitalier qui était pour moi le premier depuis des années.

J’ai été confrontée à un univers que je ne voyais que de l’extérieur quand je rendais visite à mes proches qui subissaient eux-mêmes au centuple ce que j’ai vécu, j’ai donc dû faire face à cette réalité : l’hôpital cela pouvait être aussi pour moi !

J’ai vécu sans autorisation de bouger, reliée à une machine, qui avait le droit de contrôle sur mon cœur, ce manque d’autonomie est à la limite de l’humiliation quand il vous interdit de vous rendre de votre propre chef aux toilettes. J’ai déjà vécu beaucoup de situations de dépendance au cours de mes ennuis de santé, mais confier son sort à des proches qui vous entourent affectueusement, n’a rien à voir quand il faut se confier à des professionnels qui, pour des raisons d’organisation, peuvent vous faire attendre longtemps le moment de votre délivrance et qui ont sur vous droits de représailles si vous les importunez trop, alors on fait profil bas.

J’ai attendu des informations que l’on distille au compte-gouttes, comme si mon sort ne me regardait pas et heureuse encore, quand elles ne se contredisaient pas dans les minutes suivantes.

J’ai compris que la médecine n’est pas une science exacte, que cela dépend beaucoup de celui à qui l’on vous a confié, qui a le temps ou pas de lire un compte rendu pour en tirer une conclusion, laquelle conclusion peut décider de votre avenir !

J’ai compris que dans l’univers hospitalier quand on est entre les mains d’une équipe qui a décidé un protocole, quoi qu’il arrive on mène le protocole jusqu’au bout, quitte à avoir l’air de manquer d’intelligence et d’à-propos, seul le chef peut y changer quelque chose.

De retour à la maison, j’ai davantage besoin d’oublier l’impact psychologique et affectif du séjour, que d’être préoccupée par les conclusions apportées à la cause qui m’y a conduite.

J’ai une pensée pour tous ceux confiés aux instances de soins, dont le système trop souvent tend à infantiliser le patient et à ne pas lui reconnaître le droit de maîtrise de sa vie, et la meilleure parade c’est de rester en bonne santé le plus longtemps possible.

L’invitée du dimanche