Ils ont voté et puis après ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 3 décembre 2014 10:32
- Écrit par Claude Séné
C’est ce que chantait le vieux lion, Léo Ferré, en 1968 après que le balancier ait propulsé une majorité bleu horizon réactionnaire à l’Assemblée nationale dans un pays qui s’était fait peur pendant un mois de mai chaud comme la braise. Cette fois, ce sont les députés français qui ont adopté une résolution favorable à la reconnaissance d’un état palestinien. Sans véritable surprise, la plus grande partie de la gauche a voté pour, l’opposition de droite a suivi son nouveau leader, Sarkozy, en votant contre et les deux élus FN se sont abstenus, refusant sans doute de choisir entre la peste palestinienne et le choléra israélien, leurs deux ennemis héréditaires.
Sans surprise aussi, les tenants de l’Autorité palestinienne ont salué cette initiative des députés français cependant que l’État d’Israël la déplore au motif qu’elle empêcherait la résolution du conflit. Une position quelque peu paradoxale puisqu’elle consiste à refuser ce qui devrait être l’objectif des négociations, au lieu de mettre l’accent sur les contreparties qui pourraient être obtenues dans le cadre d’un accord pour l’instant hypothétique.
Petit souci, cette résolution, qui s’inscrit dans un mouvement plus vaste, après la Suède, le Royaume-Uni ou l’Espagne, n’a pourtant aucun caractère contraignant sur le pouvoir exécutif. Ordinairement, les choses se déroulent dans l’ordre inverse. Le président ou le gouvernement soumettent au vote du parlement les décisions importantes pour en marquer la solennité et s’assurer de l’accord de la représentation nationale. Laurent Fabius a beau affirmer que la France reconnaitra le futur état palestinien, il ne s’engage pas sur un délai. Il y a pourtant une forme d’urgence depuis le temps que rien ne se passe dans la région sinon une aggravation de la situation. Toutes les questions non réglées, et notamment le devenir de Jérusalem, faute d’être résolues, ne peuvent qu’empirer. La politique du fait accompli que défend toujours le premier ministre Benyamin Netanyahou en laissant proliférer les colonies ne fait que rendre les choses un peu plus difficiles chaque jour. La résolution des députés français aura eu au moins le mérite de marquer la volonté de ne pas se résigner à une situation intolérable.