L’énergie du désespoir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 19 novembre 2014 11:04
- Écrit par Claude Séné
Les condamnations du massacre qui a fait cinq morts dans la synagogue de Jérusalem ont été unanimes, et à juste titre. Il serait toutefois erroné de considérer ce geste comme un acte de terrorisme aveugle, à la manière d’un attentat tel qu’il peut s’en produire dans divers pays et tel qu’il est utilisé par les organisations qui défendent la violence comme moyen d’action politique.
Il s’agit apparemment d’un acte isolé, qui n’a fait l’objet d’aucune revendication, bien que le Hamas et le djihad islamique aient salué cette initiative, et c’est ce qui est le plus inquiétant. Selon la famille des agresseurs, des ouvriers palestiniens abattus par la police au cours de l’assaut meurtrier, les jeunes, deux cousins, auraient été excédés par les attaques répétées contre la mosquée d’Al-Aqsa et les brimades imposées à leur peuple depuis très longtemps. Les assaillants ont mené leur attaque barbare aux cris d’Allahu Aqbar (dieu est grand), renforçant le côté religieux de leur combat.
Selon Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France et membre de l’ONG La paix maintenant, le conflit a pris la tournure d’une guerre de religion et ne se limite plus aux revendications territoriales des uns et des autres. Autant les contours des deux états dont presque tout le monde s’accorde à penser qu’ils sont devenus indispensables peuvent faire l’objet de négociations et de nécessaires compromis, autant la question de la primauté d’une religion est par essence non négociable. On ne se situe plus sur le registre du raisonnable et de la discussion, mais dans celui de la croyance et de l’exclusion.
On pourrait y voir une symétrie dans la mesure où les extrémistes des deux camps se dénient mutuellement leur droit à l’existence, mais ce serait oublier qui détient le pouvoir dans cette région. Il s’agit de l’état d’Israël et de sa majorité politique, qui n’a tiré aucune leçon du passé et des différentes intifadas que son intransigeance a provoquées. Benyamin Netanyahou n’a rien trouvé de mieux pour répondre à la question que de renforcer l’autodéfense et accentuer la politique de répression. Comme si le désespoir sous-jacent à cet attentat ne lui paraissait pas suffisamment profond. Pire, il dénonce le seul interlocuteur susceptible de ramener le calme dans les populations palestiniennes en la personne de Mahmoud Abbas. Cela n’excuse en rien le massacre de la synagogue de Har Nof, mais permet de mieux comprendre son contexte.
Commentaires
le Mandela palestinien Marwan Barghouti incarcéré depuis 11 ans et qui a l'étoffe d'un interlocuteur et d'un vrai dirigeant.c'est dommage qu'on n'en parle pas